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Ce «Plan culturel numérique du Québec» qui se dégage

On ne peut qu’être content de lire Le Devoir signer en éditorial : «Se donner un Plan culturel numérique du Québec relevait de l’urgence chez nous.»

Antoine Robitaille, dans cet éditorial, propose un retour critique (et un tantinet vitriolique) sur le dévoilement du Plan culturel numérique du Québec, présenté hier dans la vieille capitale.

Il indique où le bât blesse:

«Le développement des réseaux informatiques [provoquent] des effets sociaux aussi déterminants que ceux attribués à l’invention de l’imprimerie. L’invention de Gutenberg, par exemple, aura contribué à cristalliser les langues nationales et à faire naître les nations.  Le numérique lui, travaille au corps les cultures nationales ; il tend à dé-nationaliser.»

La culture avait un urgent besoin d’un «plan» pour son «virage numérique».

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M. Robitaille peut bien citer Alvin Toffler pour expliquer les effets sociaux que provoque la vague numérique et la «nouvelle américanisation […] en marche» , c’est à mon avis Michel Cartier, plus proche et bien de chez nous, qui, avec d’autres à ses côtés, martèlent depuis depuis plusieurs années que «cette révolution en est une de civilisation». Cette phrase, je l’ai entendue hier de mes propres oreilles de la bouche du premier ministre du Québec.

Je sais que 2 semaines auparavant, il écoutait M. Cartier dans une conférence qui a été un point tournant pour les tenants d’un «plan numérique» au Québec.

Il y a de ces coïncidences qui ne trompent pas.

Un plan, au moins

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Le « plan » présenté hier n’est peut-être pas complet (des trous se trouvent à même la grille) et ne couvre que la culture. Et même qu’il ne couvre pas probablement tous les besoins (les secteurs couverts sont évidemment ceux qui préexistaient au numérique et qui sont bien représentés par des infrastructures qui se souhaitent pérennes).

Y a-t-il place à l’amélioration? Assurément. Et les discussions vont continuer : pour l’instant, ça commence ici. Ça prendra ensuite de multiples formes.

Mais je souligne qu’enfin 4 mots sont ensemble: plan, culturel, numérique, et Québec.

Autrement dit, il y a enfin une façon d’agripper la «patente»; le pied est dans la porte; le bouchon du tube à pâte dentifrice est ouvert et quand le dentifrice sortira on ne pourra plus le rentrer. Un «Work-in-progress» typique au réseau.

Mieux vaut tard que jamais.

Et action!

Si on part du slogan du ministère ( «Notre culture, chez nous, partout») qui tient de vision et du cadre (créer, innover, diffuser) qui tient de stratégie d’actions, on peut en déduire les grandes lignes des débats à venir:

– Qui crée quoi, en innovant comment, pour diffuser où?

Le numérique force une redéfinition de la vocation des infrastructures, la façon de concevoir la culture, qui y contribue et comment soutenir tout ça. Le bouleversement des rôles des intervenants de la chaîne culturelle et de leurs modèles d’affaires sera assurément pénible.

Mais il n’a pas de raison qu’on ne trouve pas de solution.

Archives sur Zéro Seconde sur le Plan numérique

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

6 thoughts on “Ce «Plan culturel numérique du Québec» qui se dégage

  1. Bravo Martin pour ce billet, je suis du même avis que vous. Vous dites : « un plan, au moins » – Je dis : « Enfin, un plan! » Le gouvernement a quand même dans ce dossier agit dans un processus cohérant :
    2011 consultation
    2012 Rapports du CALQ, Sodec et MCC
    2014 – juin, lancement d’une stratégie
    …et maintenant un plan.

    Je suis d’accord également que le plan n’est pas complet, il touche peu l’écomonie numérique, la gouvernance et l’appropriation. Mais, on a un plan !

    Si jamais ça vous intéresse d’écouter l’entrevue que j’ai réalisée à ce sujet à Radio-Canada : http://bit.ly/Entrevue_PCNQ

  2. Merci, Annie, bienvenue dans le club des optimistes (sur Facebook, j’ai rencontré bien du cynisme).

    L’avantage que je vois c’est qu’un plan, c’est fait pour être amélioré, pour être modifié.

    Ce « plan » en est un de rattrapage dans une grande mesure, certes.

    Le fait d’avoir reconnu qu’il faille un plan, même si c’est pour y avoir regroupé des mesures éparses sans fil conducteur très claie (outre le rattrapage), constitue une brèche pour moi

    À travers cette brèche, il est possible d’insérer de l’innovation tout azimut.

    Voilà où je vois l’opportunité. Tout reste à inventer du côté du soutien aux nouvelles initiatives. Et il n’y a plus de verrou qui empêche de le faire.

  3. Pour mémoire, je cite Olivier Charbonneau qui résume bien ma pensée sur ce « plan »:

    «[un plan?] – on dirait plutôt un recensement ou […] une synthèse des projets actuellement sur la table. [Il] manque un “fil rouge” ou un “fil conducteur” pour expliquer comment ces projets constitue un plan… comme quoi des plumes lancées au vent ne font pas un oiseau !»

    Source: http://www.culturelibre.ca/2014/09/29/quebec-annonce-son-plan-pour-la-culture-numerique

    Donc, voyez-vous, on aurait pu ne pas appeler ça un « plan » (et avec raison), mais maintenant qu’il est employé, on peut s’y attaquer et l’améliorer pour en faire un.

  4. Je me contenterai de remarques plutôt sur la forme que le fond. Je trouve que l’effort est louable, notamment que nous ayons accès à un site Web qui présente les pistes d’action du plan. La création de l’espace Cocoriko est aussi une première et nous verrons comment Culture pour tous s’acquittera de son mandat d’animer la proposition liée au développement du Plan, d’animer le Plan lui-même… Car là n’est pas une mince tâche. Il est douloureux de constater que peu d’acteurs de l’appareil gouvernemental sont présents sur l’espace Cocoriko. Mme la Ministre David y brille cruellement par son absence et il en va de même pour les fonctionnaires de son ministère. C’est aussi vrai pour de nombreux acteurs clés de la société civile impliqués jusqu’ici dans la discussion. Il faut impérativement montrer l’exemple et croire en l’importance de ce Plan. Il faut animer la discussion et ce pour chacune des pistes d’action, sinon le beau vaisseau va s’enfoncer dans le fleuve à la sortie de la cale sèche.

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