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Le cul-de-sac des étagères infinies

À la question posée à Colin L. Powell, l’ancien secrétaire d’État sous Bush fils, dans le Book Review du NYTimes d’aujourd’hui (« quel est le prochain livre que vous allez lire »), il répond:

« »Sigh ». C’est ça le problème. Je n’arrête pas de télécharger de nouveaux livres sur ma liseuse, et je n’arrive pas à me décider lequel lire. Le désir d’acquérir des livres électroniques se fait tellement de façon impulsive, instinctive, que je ne sais plus à la fin ce qui se trouve sur mes étagères électroniques (e-shelfs). Et quand je regarde, j’y vois des titres que je ne reconnais même pas, ou du moins dont je ne me rappelle ni avoir voulu ou ni avoir acheté» (dimanche 1 juillet 2012, page 8)

Dans un monde de surabondance, notre rapport aux objets change. Avec la surabondance de ebooks, c’est toute notre relation avec les livres qui est aussi chamboulée…

Je ne parle pas directement de la valeur économique, mais de la valeur perçue d’un livre qui se trouve sur les étagères infinies de nos Kindle, Gobo, iBooks, Google Play…

La possibilité de rajouter rapidement, facilement, à faible coût, des livrels sur nos étagères infinies n’est pas nécessairement une bonne chose sur le long terme.

Trop de choix paralyse

Il me semble que la métaphore des étagères de bibliothèque pour conserver ses livres ne tiendra pas la route encore longtemps. Je m’attends à ce qu’y ait une percée de ce côté pour « stocker » intelligemment nos livres électroniques. Les faire tenir sur une étagère infinie est un cul-de-sac dans un monde de surabondance…

Davantage de métadonnées doivent être conservées sur les livres qu’on achète : date, après quel type de recherche, l’ordre des achats, qui me l’a recommandé, quel est le bout de texte ou l’ami qui m’a donné le goût de l’acheter, où mes amis sont rendus à lire ce livre, classement par popularité de téléchargement de mon réseau ou de la plateforme, annotations sur le livre lui-même (et juste dans le livre), classement par thème de l’actualité (mots clés), etc…

Si un livre possède un attrait quand il est trouvé dans un certain contexte de promotion (pubs, recommandations automatiques, filtrage social), ce contexte disparaît complètement sur nos étagères personnelles.

Un algorithme pourrait établir une forme de présentation éditoriale de nos livres non lues à même notre collection.

Qu’y a-t-il de moins d’excitant que de parcourir une simple liste infinie de livres qu’on a déjà pensé avoir voulu lire…

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

2 thoughts on “Le cul-de-sac des étagères infinies

  1. Mon expérience personnelle: au lieu d’acheter et de télécharger compulsivement, je conserve sur une wishlist d’Amazon ou sur Delicious les livres que je veux lire. La plupart du temps, j’inscris en commentaire le lien ou le contexte par lequels j’ai trouvé chaque livre.

    Pour ceux que j’ai téléchargé, je les gère avec CALIBRE (open source) où je fais une gestion plus serrée des métadonnées qui me sont pertinentes (auteur, titre, année et mots-clés) et que je peux ensuite synchroniser avec mon iPod Touch (en attendant d’avoir une meilleur liseuse!)

  2. @Jonathan, moi aussi j’utilise ma « liste cadeau » (whislist) d’Amazon pour pré-sélectionner les livres qui m’intéressent en attendant d’avoir le temps de lire (et de les acheter), mais CALIBRE, ça c’est une bonne idée!!

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