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Interface web [1] : les premiers dix ans

Dans le cadre d’une conférence sur l’Architecture de l’information que je donne à l’EBSI ce mois-ci, je partage quelques idées sur l’évolution des interfaces web.

Lire avant: Gérer l’interface web : 4 approches successives
complexité

1990-1999 Première approche: les débuts des interfaces et des arborescences

Il est bon de se rappeler que la première « mode » sur les sites web, dans les dix premières années, a été de construire des sites aux interfaces surchargées, « bruyantes » et « animées ».

Il faut se mettre en contexte. On accédait pour la première fois à une énorme quantité d’information, facilement, et ce à partir du même endroit : l’écran de son ordinateur.

On est porté à l’oublier, mais avant l’arrivée d’Internet et surtout l’éclosion de Google au début de la dernière décennie, il a toujours été relativement difficile de chercher et de trouver de l’information.

Il fallait savoir où se trouve l’information, puis s’y déplacer ou téléphoner.

Avec le web, les internautes ont pour la première fois fait l’expérience de tout avoir à portée de main.

Il est donc un peu normal que le premier réflexe ait été de tout mettre à l’écran, pour montrer justement que « tout » était là.

Tout au même endroit

Les premiers sites étaient aussi laids les uns que les autres, surchargés et difficiles à naviguer. Remettons-nous encore dans l’esprit de l’époque. Quand chercher hors web est long et fastidieux, que les « sites soient laids » devient un moindre mal si l’on tombe sur une mine d’information.

Le souci des « webmestres » consistait tout simplement à « rendre accessible » tout ce qui était accessible. Les premiers usagers étaient tout simplement grisés par la « quantité » d’information qui leur était livrée en quelques clics.

Une fois passée la nouveauté, il a bien fallu que soit posée la question de l’architecture de l’information : comment organiser le tout de façon cohérente? Ce fut le début de la réflexion sur l’interface-écran et la structure de navigation à l’intérieur de l’information.

Jongler avec l’information

Il a fallu équilibrer ce qui est visible à l’écran (en montrer juste assez, mais pas trop) et l’arborescence du site pour s’y mouvoir intuitivement en profondeur (en cacher juste assez, mais pas trop).

Aujourd’hui, nous affrontons quotidiennement la surabondance d’information, et la notion même de chercher hors du web est devenue quasi « anachronique ». Alors on choisit le chemin de moindre résistance : s’il est difficile de trouver une information particulière sur un site, on va la chercher sur un autre. Point final.

Que pensez-vous de ce résumé? Demain je jette un coup d’oeil sur la période 2000-2005.

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Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

2 thoughts on “Interface web [1] : les premiers dix ans

  1. Martin,
    Tu vas dire que je fais le difficile mais je situerais la période que tu décris de 1993 à 1998.

    Le premier fureteur nommé WorldWideWeb a été écrit par Tim Berners-Lee et rendu disponible en mars 1991. Par contre, avant Mosaic (développé par Andreessen and Bina) en 1993, le web était vraiment marginal. Gopher, un autre protocole pour naviguer sur le web, était plus populaire. C’est pourquoi je propose de débuter la préhistoire du web en 1993.

    En février 1998, Morville et Rosenfeld ont publié « Information architecture for the world wide web ». À cette époque, Jakob Nielsen faisait des siennes en utilisabilité. Les sites web commençaient à avoir plus d’allure.

    Ceci étant dit, j’ai bien hâte de lire la suite.

  2. Marc, j’aurais tort de ne pas accepter tes dates. Disons que les miennes ont l’avantage de tomber sur des chiffres ronds. 1990 n’est pas une date en effet. 1993 me semble plus juste.

    Pour 1998, je suis d’accord pour dire que leur livre est une date charnière. Est-ce qu’on peut dire tout de même que ça n’a pas été instantané comme effet? Peut-être que 1999 n’est pas si mal…

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