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Protégez vos enfants des nouvelles addictions

Cette décennie qui commence verra dans l’adoption massive de la culture numérique un des grands changements majeurs pour les civilisations avancées. Elle se répandra à travers la plupart des couches de la société, relayée par les nouveaux journalistes affranchis de leur peur atavique du web.

http://www.flickr.com/photos/rutlo/3532951266/Pour entrevoir le saut culturel que nous allons vivre, je vous invite à lire le message « inquiétant » du psychologue clinicien Yann Leroux qui mets en garde les parents contre l’usage incontrôlé du off-line (« Les nouvelles addictions« ):

«Depuis quelque temps […] dans les cours de récréation, on ne joue plus à Nintendogs ou à Legend of Zelda mais au Loup ! Les enfants se courent après et doivent s’attraper. Pris dans l’excitation du jeu, il arrive que certaines saisies et certaines poussées soient trop brutales et, inévitablement, les cas d’accident se multiplient.»

«Il n’y a rien de moins créatif que ces jeux», dit-il, et les parents devraient s’alarmer de ce que leurs enfants se détournent ainsi de «ce qui consiste le cœur de nos sociétés». C’est-à-dire la culture numérique.

Ironique à souhait, brillant dans sa parodie, Yann Leroux reprend nos travers quand il s’agit de critiquer la culture numérique d’aujourd’hui.

La culture numérique est arrivée
Pourtant, l’informatique a franchi un formidable pas dans la dernière décennie (j’ai écrit récemment que la montée des médias sociaux constituait la nouveauté des derniers 10 ans sur Internet) en montrant qu’elle n’isole plus les individus, mais les réunissait davantage.

On ne dit plus «Internet», le «web» ou le «net», mais bien «réseau», comme dans «réseaux sociaux numériques». Le tabou est tombé, le réseau n’est plus une «dépendance néfaste»; la culture numérique peut commencer à se diffuser (lire mon billet Péché originel des réseaux sociaux numériques et Révolution rhétorique?).

«Ce qui est au cœur de notre culture, c’est la complexité, et c’est de cette complexité que le numérique est à la fois le vecteur et l’image.
Une simple quête de Legend of Zelda ou de World of Warcraft fait surgir succession de quêtes emboîtées les unes dans les autres. Il faut se souvenir des lieux, de la chose à faire, des personnages. Il faut construire la narration, il faut élaborer des hypothèses, il faut construire des stratégies. La complexité augmente encore lorsque l’on joue en multijoueur puisqu’il faut accorder les délicats mécanismes sociaux pour pouvoir réussir la quête.
»

En situant son discours dans un monde où le retour au off-line est pratiqué par les plus jeunes, Yann Leroux parodie les bien-pensants qui paniquent dès que de leurs jeunes ne font pas comme eux: «Voilà que maintenant des enfants tournent le dos aux apprentissages premiers de la complexité [numérique]? Quels types d’adultes est ce que ces enfants deviendront ? »

Lire la suite sur Psychologik : Les nouvelles dépendances, par Yann Leroux…

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

3 thoughts on “Protégez vos enfants des nouvelles addictions

  1. Jusqu’à présent, je me suis toujours vécu sur le réseau comme un passant, un promeneur qui regarde assez étonné les paysages numériques qui défilent sous ses yeux. Pour la première fois, je sens que nous nous précipitons vers le numériques. Je n’en ai pas fait la liste, c’est une intuition : je le vis.

    Lorsque j’étais sur Usenet, il me semblait que Usenet était là depuis toujours et resterait là à jamais. Usenet est encore là, mais est – ô sacrilège – envahi par les binairies. Je vois les listes de diffusions mourir les unes après les autres, et les anciens membres se retrouver, surpris, sur Facebook ! On dirait des personnes qui viennent de se réveiller et qui se retrouvent autour de la table du petit déjeuner ! C’est amusant, d’ailleurs, de voir comment les attitudes amidonnées ne tiennent plus sur Facebook. On se tutoie, on se hèle, on se poste des kevin app’…

    Bref, quelque chose bouge. Et vite. Très vite. A 140 caractères à la ligne ! Peut être est ce que je me trompe, mais j’ai l’impression que nous sommes dans une période sensible. Nous pouvons agir pendant que les choses ne sont pas encore fixées, ni du coté des états, ni du coté des entreprises, ni du coté des individus. Nous avons le temps de mettre en place les conditions d’une bonne littératie, nous avons le temps de transmettre l’histoire du réseau, d’apprendre de lui, de nous laisser gagner par ses promesses tout en prenant garde à ses travers.

    Nous pouvons faire tout cela, et négocier en douceur les changements que le numérique nous apporte. Mais nous ne pouvons le faire que si nous sommes débarrassés de la peur ! Pourquoi lorsqu’un journaliste m’appelle il me demande : « quels sont les dangers des réseaux sociaux/des jeux vidéo/de l’Internet/de la téléphonie mobile ? » Je sais bien que la peur est une émotion primaire, et qu’elle nous pousse plus au mouvement, mais je sais aussi que la peur n’aide pas à penser ! Or, ce dont nous avons besoin, c’est d’avoir les idées claires pour faire le bilan des expériences qui son menées ici et là.

    Juste une question : comment se fait il qu’un enfant qui soit capable d’apprendre la géographie du monde des Pokemon sur sa NDS soit incapable de retenir la géographie de l’Europe ? N’avons là rien à apprendre ?

  2. Merci Martin d’avoir partagé ce billet et de m’avoir fait découvrir le blogue de Yann Leroux. Étant moi-même une maman qui découvre le monde numérique passionnément, j’essaie de doser «la chose» auprès de mes 3 enfants. J’ai beaucoup aimé l’ironie du message parce qu’en tant que parent on se questionne toujours sur ce qui est mieux pour nos mousses… Numérique, oui: c’est essentiel, mais l’imagination et la créativité en est le moteur. Vive le loup, la cachette et le roi de la montagne !

  3. «Depuis quelque temps […] dans les cours de récréation, on ne joue plus à Nintendogs ou à Legend of Zelda mais au Loup ! Les enfants se courent après et doivent s’attraper. Pris dans l’excitation du jeu, il arrive que certaines saisies et certaines poussées soient trop brutales et, inévitablement, les cas d’accident se multiplient.»

    «Il n’y a rien de moins créatif que ces jeux», dit-il, et les parents devraient s’alarmer de ce que leurs enfants se détournent ainsi de «ce qui consiste le cœur de nos sociétés». C’est-à-dire la culture numérique.

    😀

    oui une parodie aussi du discours conservateur des media de masse qui oublient la mise en perspective et ou le cas spectaculaire tient lieu d’exemple et de base de raisonnement.

    En attendant ces média ont fait un virage a 180 degré depuis 1996 qui m’a surpris sur le contenu mais pas sur leur méthode qui reste relativement moyenne.

    Bonne Année 2010 pour Martin et sa petite famille uniquement.
    Le reste ? je m’en moque royalement. lol

    Paul

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