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Ecosysteme de l’information (1/3): Twitter Surge

Une nouvelle écologie des médias continue de se mettre en place. Bombay (Mumbai) n’a pas seulement été le centre d’attention mondial la semaine dernière, il a été aussi le véritable baptême de feu de Twitter, le service de micro-messagerie (micro-blogging) qui confirme que la « dépêche » (breaking news) pouvait aussi être emparé par les médias sociaux.

Source: Life, Robert W. KelleyL’industrie de la nouvelle en continu a été prise de cours par Twitter, où des témoins de l’intérieur, à proximité ou même très éloignés de l’événement dramatique en Inde ont participé à une autre expérimentation de journalisme citoyen sur la ligne de front.

Cette fois-ci sur un grande échelle, et d’une façon complètement organique.

Je vous propose dans les prochains jours de faire le survol sur cette mutation de la chaîne de valeurs de l’information et d’identifier l’impact d’internet et des réseaux sociaux.

Aujourd’hui, attardons-nous à Twitter (lire Twitter, de la machine à café au micro-journalisme de Philippe Martin pour comprendre cet outil).

À lire dans la presse trad
Mumbai: Twitter’s Moment (Forbes)
The information flow from Mumbai (Dan Farber -CNet News)
Tweeting the terror: How social media reacted to Mumbai (CNN)
(FR) Ma soirée Bombay, ou pourquoi Twitter est désormais indispensable ( Laurent Suply – Le Figaro)
(FR) Attentats en Inde: Internet plus réactif que les agences de presse (Marie-Adélaïde Scigacz -VSD)
(FR) A Twitter revolution? (Francis Pisani -Le Monde)

À lire dans la Blogosphère
Mumbai – Twitter and Citizen Journalism Advance (Rob Paterson, FASTForward Blog)
I Can’t Believe Some People Are Still Saying Twitter Isn’t A News Source (Michael Arrington – TechCrunch)
et particulièrement les 4 billets de Claude Malaison qui a « couvert » en « direct » les événements depuis… Montréal: « #Mumbai – Loin du Web 2.0 et pourtant si près« … I, II, III, IV(Nous verrons plus tard, en quoi son rôle –si loin, si près– est important)

Another brick in the wall
Je dis une « autre expérimentation » de journalisme citoyen, car la couverture citoyenne n’est plus nouvelle.

On se souvient de ces élections américaines de de 2004 qui a vu la consécration des blogues, les attentats de Londres en 2005 qui a vu les premières photos amateurs parvenir de l’intérieur même du drame et les vidéos du Tsunami de 2006 consacrer la vidéo sur Internet.

Et, tant qu’à remonter dans le temps, le web est devenu un média, lors du tremblement de terre de Kobe en 1995, où des étudiants mettaient à jour leur site web pour tenir au courant les familles lointaines.

Les réseaux sociaux n’ont pas été inventés avec le web 2.0; ce qui est nouveau, ce sont les traces qu’ils laissent.

Twitter est comme une discussion de café. Mais aller au bistrot et écouter ce qui se dit, doit-on conclure que « le bistrot est un média? » Non, comme le dit Benoît Raphaël (de LePost.fr) : « le bistrot est une source, les journalistes de terrain le savent bien. Pas un média.« .

Internet est plus qu’un bistrot, mais avec les réseaux sociaux en tant que canal participatif il s’apparente à un média, avec ses propres particularités et s’imbrique davantage dans l’écosystème de l’information comme une source très importante mais redéfinie tout notre rapport à l’information.

Les attentats de Bombay n’ont pas fait exception: les réseaux sociaux ont couvert l’événement (lire Following Mumbai Attacks via Social Media de Amy Gahran), en véritable « coopétition » (def.) avec les médias traditionnels. Ou proto-coopétition, car cela est encore vécu comme une compétition (avec des gagnants et des perdants). Or il s’agit simplement d’une mutation de l’écosystème de l’information.

Twitter in arms
Ce qui est particulier cette fois-ci, c’est l’usage en général des micro-messageries (comme le BlackBerry), mais en particulier, de Twitter comme outil de dépêche, sur une grande échelle.

Précisons. C’est un baptême pour Twitter, mais ce n’en est pas un pour la micro-messagerie. Car le tremblement de terre au Sechuan en début d’année 2008 a été sa consécration, de fait. Mais cette révolution-là a été télégraphiée en idéogramme chinois (commencez à vous faire à l’idée et courrez dans un Institut Confucius le plus près de chez vous) et les Occidentaux ont été laissés sur le bas-côté de l’autoroute de l’information.

Post in the machine
Quoi?! Le témoin comme reporter? Il n’y a que les purs et durs pour encore s’en faire du sang d’encre (« […] à ce cirque de l’information déjà joyeusement compliqué, viendrons-nous ajouter l’emberlificoteur blogueur?« ). La question est mal posée, et la réponse, connue depuis très longtemps, ne laisse pas de doute (et on arrête pas de le répéter), ce ne sont pas des journalistes.

L’écosystème qui se met en place depuis quelques années voit Twitter entrer avec force dans la chaîne de valeur. Cette fois-ci c’est au niveau de la chasse-gardée hautement réservée du « breaking news » et du « live ». Seuls les médias traditionnels bien équipés occupaient ce terrain depuis 2 décennies.

On n’est plus spectateurs de l’événement, on y participe. On peut y voir une menace. On peut aussi y voir une opportunité. La différence tient à la volonté de se redéfinir ou de stagner.

Harnachez la Mustang
Vouloir harnacher la « dépêche sauvage » est une stratégie possible devant la montée des médias sociaux. Les médias qui cherchent être associé à « ça » doivent passer par-dessus leur honneur propre. CNN tente actuellement de harnacher la dépêche « crowdsourcé » (def.) sur iReport. Les meilleures dépêches sont estampillées « bon pour diffusion » et peuvent recevoir le logo CNN.

Débusqueurs d’info
L’écosystème de l’information en réseau est définitivement une info en fragments:

« L’info n’arrive plus ficelée comme un paquet soigné sous forme d’article avec un début (lead disent les Anglo-saxons), un milieu et une fin, ce qui implique un minimum de synthèse et d’organisation. Pauvre Aristote« . (Francis Pisani, le Monde).

Il ajoute qu’il faut accepter que les « premières interprétations ne sont plus le monopole des «têtes parlantes» qui pullulent sur nos écrans télé.« 

On a le droit de dire qu’un micro-messages ne produit ni information ni analyse, comme le décrie Alain Joanne sur Journalistiques.fr. De là à conclure de l’inefficacité des médias sociaux à couvrir l’actualité chaude, il n’y a qu’un pas, franchi avec fermeté par Fred Cavazza.

Je crois ce constat (juste dans le propos) n’offre pas un portrait précis de la situation, où le « live » devenu « participatif » (et même l’arme fatale selon Benoît Raphaël sur LePost.fr) confirme en fait une mutation de l’écosystème de l’information, à partir de la base, vers le haut et force à voir que nous avons un tout autre rapport face à l’information.

C’est ce que nous verrons demain: Écosysteme de l’information (2/3): P2P news

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

5 thoughts on “Ecosysteme de l’information (1/3): Twitter Surge

  1. Bonjour j’habite au Brésil, il y a eu une inondation terrible juste chez moi, j’ai suivi toutes les sources d’information en parallèle(tv, radio, blogs, twitt journaux papier, sites gouvernementaux) Concernant les twitts les gens y ont fourni des informations très utiles comme des coupure de route à tel endroit.
    Je confirme que twitter est extrêmement utile , mais je pense que dans le futur il y aura encore mieux ex : des twitters video. encore plus rapide pour l’information.

    Pour moi twitter, est un nouveu mode de communication de l’info brute, tous les médias cohabiterons joyeusement, personne ne va en mourir.

  2. Thierry, le Twitter « vidéo » est seesmic.com (pour l’instant) –je ne sais pas s’il aura le même succès, mais il est le plus proche de ce que vous décrivez–

    Je suis tout à fait d’accord avec vous pour dire que tous les médias vont cohabiter, mais il y aura des ajustements (peut-être pénibles) qui devront être fait…

  3. Pour ceux qui se demande où était Twitter durant le séisme chinois, ne vous inquiétez pas, il était présent (lire ici), mais à une plus petite échelle comparé à fanfou.com, le Twitter chinois.

    Je suis peut-être trop dur avec Twitter, mais la couverture médiatique à ce moment était de loin moins présente et m’incite à dire que c’était plus une « pratique ».

    Toutefois, je suis prêt à ajouter un élément de plus à sa défense: Twitter n’a pas eu la main haute en Chine uniquement pcq ce n’est pas un territoire « anglophone », contrairement à l’Inde…

  4. L’ami Brésilien a bien raison et pour une raison très simple; pour l’heure, Twitter, c’est du texte qu’on peut donc trafiquer, biaiser, qui peut se faire opinion, jugement, voire désinformation alors qu’avec un Twitter vidéo, on voit mal qq se mettre à trafiquer ses images avant de les envoyer !!!

  5. Denis, évidemment on s’entend que toute communication technologique peut être falsifiée. Mais cette falsification n’est pas donnée à tous… ce qui permet de croire que les vidéos puissent continuer à être une bonne source non biaisée dans beaucoup de circonstance (des faites bruts par exemple). Bon point.

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