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Le cri silencieux

Gina raconte sur Triplex l’histoire d’une photo qui a fait le tour du monde. Le photographe, évidemment pas au courant, fait contre mauvaise fortune bon coeur. L’illustration d’un cas du pouvoir d’autopublication pour se faire connaître.

«En 2006, le photographe Noam Galai publiait sur son compte Flickr quelques photos de lui en train de crier. Quelques années plus tard, il apprenait que quelques-unes de ses photos, dont une plus que les autres, étaient utilisées dans une vingtaine de pays.»

C’est en utilisant un outil en ligne appelé Tineye, qu’il a pu trouver les copies partout sur la toile. «Noam Galai affirme ne pas avoir de problème avec ceux qui ont utilisé sa photo pour des projets artistiques, mais être frustré que de grosses compagnies lucratives, des artistes signées ou des éditeurs aient utilisé sa photo pour vendre leurs produits.»

Copier, copier, il en restera toujours quelque chose

Le billet de Gina est assez éloquent sur la problématique des droits d’auteurs et montre à quel point Internet est un puissant outil de redistribution, mais laisse les artistes plutôt impuissants devant la copie…

Voici la vidéo où il explique ce qui s’est passé.

La reproduction de la photo elle-même est évidemment condamnable. Mais c’est probablement un peu plus compliqué pour ce qui est de l’image au pochoir. La technique du pochoir est considérée comme un art et ici la ligne est mince.

Oui, on reconnait la photo, mais le traitement (le haut contraste noir & blanc) en fait une oeuvre probablement distincte, un peu dans l’esprit des conserves de soupe Campbell ou de Marilyn Monroe par Warhol…

Mais ici je ne mettrais pas ma chemise en jeu, les avocats ont les dents longues aujourd’hui…

Che, icône pop

L’histoire ressemble à Alberto Diaz Gutierrez, («Korda») qui avait pris un cliché du Che qui est devenu une icône pop durant les années 60 à 80. Lui non plus n’a jamais vu les royalties. (voir et lire ceci [EN])
Che Guevara icon

Dans le cas de Noam Galai, c’est principalement le pochoir qui a fait le tour du monde. C’est cette image qui est devenue iconique et emblématique. C’est l’artiste du pochoir, qui est probablement celui qui aurait dû peut-être demander la permission à Golai, qui est vraiment celui qui a vu son oeuvre redistribuée.

Autoproduction

Golai, au lieu de poursuivre la planète entière, geste autant ridicule qu’impossible, a eu l’intelligence de faire cette vidéo pour récupérer tout le crédit, y compris celui de l’artiste du pochoir qui, maintenant, est réduit au silence.

Alors que Korda est resté inconnu comme auteur de l’image du Che la majeure partie de sa vie, Golai retourne la fameuse machine internet à broyer les droits pour retrouver au moins sa paternité de son oeuvre.

L’image n’aurait jamais connue une telle notoriété sans la force d’internet, qui en même temps, malmène tellement la notion de copyright, Golai a su refaire une ultime pirouette pour se retrouver au sommet d’un vague viral complètement crée de toutes pièces par le réseau.

Il n’a pas attendu ni les médias, ni la justice; il n’a pas pleuré sur son sort, ni attaqué le monde entier. Il a simplement pris le micro et s’est autopublié pour se faire connaître…

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

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