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La francophonie : le défi numérique

Si une langue offre une weltanschauung unique, les francophones ont tout intérêt à s’assurer qu’elle perdurera dans le tsunami numérique qui s’abat sur les cultures.

FrancophonieLes participants à la « XIIe Conférence des chefs d’État et de gouvernement ayant le français » en partage (pour faire moins sévère, on dit « francophonie« ) se réunissent à Québec aujourd’hui et débattront de quatre enjeux : la démocratie et l’État de droit, la gouvernance économique, l’environnement et la langue française.

J’espère qu’il prendront acte que le numérique est plus qu’une mode et qu’il redéfinie à peu près tout sur son passage. Ou efface tous les artefacts inutiles du passé.

Monde internet
Dans un internet-monde, le français est-il nécessaire sur le réseau quand on peut lire et s’exprimer dans une autre langue qui nous donne accès au monde?

La francophonie offre plusieurs programmes concernant le numérique, mais rien qui prend réellement en compte la nouvelle réalité : le numérique est plus que simplement scanner et rendre accessible un texte. Une nouvelle écriture numérique et une nouvelle solidarité existe sur le réseau qui reste fondamentalement incompris. L’écrit ne se résume pas à ce qui s’imprime sur des arbres morts.

Prenons deux cas:

RFBNN
Le portail Internet du Réseau francophone des bibliothèques nationales numériques est un pas vers une Grande Bibliothèque numérique francophone. Mais c’est surtout une sauvegarde du passé, qui donne accès aux « richesses patrimoniales des grandes institutions documentaires de la Francophonie » et ignore qu’une nouvelle institution documentaire libre (blogosphère, twittosphère, wikisphère) offre des contenus d’une modernité inouïe. Inouïe, mais enfouie, car le ratio signal/bruit est trop faible. À quand une initiative pour aider à remonter ce ratio?

IFN
L’Institut de la Francophonie numérique contribue à « l’élargissement de la place de la langue française sur la Toile ». Depuis 2007, elle a financé 17 projets via par le Fonds francophone des inforoutes, (185 depuis sa création en 1998), projets qui servent à favoriser l’appropriation et l’usage des technologies. Je crois qu’il est bien beau de favoriser la création des contenus. Mais il faudrait qu’il y ait un effort soutenu d’agréger ces contenus ou d’assister d’une façon ou d’une autre ces contenus pour qu’elle puisse percoler au-dessus du bruit ambiant des autres langues, principalement la langue anglaise, si riche en contenu.

Une piste
Je ne donnerai qu’une piste: à quand un « way back machine », un Internet Achives de la francophonie qui colligerait la création de contenu d’ internet (et notamment écrite de la blogosphère).

J’ai lu des sites web que vous, académiciens de la langue, ne croirez pas. Des partages entre humains qui ne se connaissent même pas et qui expriment ce qu’il y a de plus beau à cette époque. Des réflexions qui font exploser les idées reçues dans des recoins insoupçonnés de la blogosphère. Tous ces moments seront à jamais disparus dans le bruit grandissant du numérique… comme une note de bas de page égaré dans l’Histoire.

Mise à jour 15h30:
« Internet au service de la Francophonie 2.0 » (par Bruno Guglielminetti)
Bruno nous propose une entrevue avec Pietro Securo. Directeur de l’Institut de la Francophonie numérique, un organisme rattaché à l’Organisation internationale de la francophonie, qui nous fait voir « le rôle important de l’Internet pour l’avenir de la francophonie, la Francophonie 2.0 ». (source)

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

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