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N’oublie pas de prendre du lait

Cet aimant « messager » est conçu pour les familles « modernes ». L’appareil dispose de 6 petits boutons identifiés aux membres de la famille où vous pouvez facilement vous laisser un message audio. Fini les petits mots gribouillés sur le coin d’une table. (via fr.gizmodo)

Ce qui est étonnant, c’est que par « famille moderne », j’entends, au fond, une famille qui vit au même endroit spatial, mais pas au même moment temporel. Mais il faut aussi dire que l’objet peut aussi bien servir à des colocataires qui passent en coup de vent. L’image en dit long sur le type de famille que nous sommes devenus.

Gizmo life
La « gadgetisation » des petits travers de nos vies modernes trépidantes s’intensifie. Cette fois-ci, il est difficile de ne pas voir à la place une « internetisation » de nos vies réelles. Cette fonction de message asynchrone rappelle la possibilité de la communication en différé offerte par les courriels.

On remarque de plus en plus ces gestes indispensables en réseau passer du côté de la « vraie vie » : qui n’a jamais eu envie dans la rue de vouloir « cliquer » pour avoir plus d’information devant une affiche, un objet, un panneau. L’arrivée progressive des « tag codes » (comme mytago) et la montée des cellulaires comme agent de liaison vie/réseau permettront de combler ce « besoin ».

Dernières balises avant mutation
L’aimant « messager » n’est qu’un prélude à ce mixage du réseau dans la vie de tous les jours. C’est la version « low-tech » de l’objet intelligent qui s’en vient. Avec une adresse IP et une puce wifi, il serait facile de pouvoir laisser des messages vocaux à partir de son ordinateur ou de son cellulaire pour qu’il soit envoyé sur le frigo.

C’est une bonne chose de désenclaver la communication du poste d’ordinateur vers les endroits de vie plus « normaux » — non ce n’est pas normal d’être toujours devant son ordinateur ;-). Mais alors, il n’y aura plus aucune place pour se cacher 😉

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

One thought on “N’oublie pas de prendre du lait

  1.  »Ce qui est étonnant, c’est que par « famille moderne », j’entends, au fond, une famille qui vit au même endroit spatial, mais pas au même moment temporel. [] L’image en dit long sur le type de famille que nous sommes devenus. »

    Il faudra sans doute t’y faire. Pour citer Manuels Castells

    Si, traditionnellement, cette notion [de pratique sociale du temps partagé] était assimilée à la contiguïté, il est essentiel de distinguer du concept de contiguïté celui de support matériel de pratiques simultanées, pour tenir compte des éventuels supports matériels de la simultanéité qui ne reposent pas sur la contiguïté physique, puisque c’est précisément ce qui se passe dans les pratiques sociales dominantes de l’ère de l’information (La société en réseaux)

    Je perçois, depuis que je m’intéresse à la question de la temporalité et de la spatialité, une certaine volonté de la part des vendeurs d’objets techniques à vouloir nous rendre complètement désynchronisés, ce que tu semble dénoncer ci-haut avec un brin de nostalgie. Dans son livre La route du futur, Bill Gates raconte que la désynchronisation est plus pratique. Cependant, quelle est la conséquence de la désynchronisation des gens qui vivent sur un même espace ? N’ a-t-on pas besoin, à certains moments, de vivre des événements en même temps, avec nos contigües ?

    Qu’émergera-t-il des tensions synchronie-asynchronie, spatialité-délocalisation et des liens de plus en plus remis en question entre temporalité, spatialité et socialisation ?

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