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Wiki et le savoir colligé

WikipediaLes blogues « constituent une agrégation des savoirs individuels, les wikis, eux, en sont l’intégration » (Jean-Francois Noubel). C’est à dire que les wiki accumulent, amalgament et font l’agrégation des savoirs individuels pour en faire émerger un savoir collectif.

« L’accumulation des interactions sur une page conduit soit vers une « optimisation maximale » et consensuelle du savoir collectif, soit à des débats pouvant donner naissance à des contenus contradictoires mais complémentaires, sources de nouvelles branches et de nouvelles profusions. » (JF Noubel source)

Optimisation maximale est en guillemets. Car le savoir collectif devrait plutôt se dire « savoir colligé ». Un wiki, évidemment, ne conserve que ce que l’on y écrit. Les absents n’ont pas voix au chapitre mais pourtant appartiennent et participent (offline) au savoir collectif.

La co-construction des savoirs se prête bien au jeu du wiki, mais comme je le mentionnais dans mon billet sur la négociation du sens sur un wiki de l’année dernière, il n’est pas le seul endroit où il entre en jeu. Le wiki est aujourd’hui utilisé pour formaliser et conserver une trace écrite (ce qui ne restera tout de même qu’une partie des savoirs) des connaissances des participants.

Le blogue, comme agrégateur du savoir personnel, permet d’exposer un savoir sans co-construction explicite dans un groupe. Le blogueur, comme dans tout processus d’écriture, se forge un compréhension incarnée de ce qu’il communique (que j’oppose à l’oralité qui peut parfois entraîner des convictions superficielles).

La blogosphère maintient donc un ensemble de vérités individuels, formelles, explicités, mais non confrontées. Ce qui est différent de ce que la « wikisphère » (?) intègre, et qui est forcément un compromis, donc une co-construction. Mais ce savoir explicite, co-construite, peut se révéler plus faible car certains peuvent avoir perdu la parole face à des individus qui maîtrisent bien l’outil ou la rhétorique.

Le blogue au contraire permet de les laisser libre de s’exprimer. Ce qui donne une sphère de savoirs (virtuellement) plus vaste (mais pas nécessairement validé).

Ça me fait penser à la nuance sémantique entre : « Une collectivité composée de plusieurs personnes » et « Plusieurs personnes composent la collectivité ». L’un focus sur l’émergence du groupe, l’autre sur la primauté des individus…

PS du 17 fev 2006.
Lire aussi l’excellent article d’Arnaud Klein : Wikipédia et la légitimité de la construction collective du savoir sur internet

Billet original sur http://zeroseconde.com

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Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
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