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Pourquoi partage-t-on des informations aux autres ? [1]

Sur le web, on tombe toujours sur ces chemins de traverse. Ceux qui savent de quoi je parle comprennent très bien ce sentiment: en avançant sur un chemin que l’on trace, on voit s’ouvrir sur les côtés quantités d’autres voies. Une vie n’est pas suffisante pour tout explorer.

Au détour d’une conversation sur un billet , dans les conversations, je tombe sur une information qui m’amène sur un chemin de traverse.

(Pour la petite histoire, tout est parti d’un billet au thème polémique de Xavier de la Porte (Twitter, blogue), animateur de Place de la Toile, à France Culture, publié sur l’incontournable blogue de la FING, InternetActu, tenu par le vaillant Hubert Guillaud: voilà qu’Olivier Auber (Twitter, Site), chercheur indépendant de l’Université libre de Bruxelles, mentionne un de ses collègues avec qui il avait animé deux ateliers dans le cadre d’une série des séminaires conjoints du « Global Brain Intsitute » et de l’ « Evolution, Complexity and Cognition group » de la Vrije Universiteit Brussel.)

Dans le cadre des commentaires du billet, qui portait sur la (non) présence des intellectuels critiques dans le numérique, Olivier Auber, donc, citait dans les commentaires Jean-Louis Dessalles, cogniticien spécialisé dans le langage à l’ENST (sa page au Telecom Paristech et une vidéo réalisée par UniverScience.TV sur YouTube) parce qu’il développait une “Théorie de la Simplicité” qui serait à même de nous éclairer sur les phénomènes à l’œuvre sur les réseaux.

Heureuse découverte

Heureuse découverte, oui, car je ne le connaissais pas et pourtant il me semble incontournable. Et hop me voilà engagé dans un chemin de traverse.

En fouillant un peu, on finit par tomber sur une vidéo sur Vimeo qui explique «pourquoi donner des informations aux autres ?», une présentation qu’il a faite il y a 2 ans et qui mérite vachement les 75 minutes d’attention ininterrompue que la vidéo demande.

«En 1978, John Krebs et Richard Dawkins, deux spécialistes des signaux dans le règne animal, ont énoncé ce que l’on peut voir comme la « malédiction » de la communication : si les intérêts de l’émetteur et du récepteur convergent, la communication sera utile, rare et secrète ; s’ils divergent, elle aura une forme publicitaire : pauvre, répétitive et publique.»

Donc, double paradoxe.

1: Si deux êtres ont tant intérêt à communiquer ensemble, leur sphère se referme et exclue les autres.

2: Si l’être A veut passer un message M à un autre être B, et que B ne tient pas à l’écouter, A se retrouve à insister lourdement, formater son message et M devient une pub.

Pourquoi alors sommes-nous là en train de communiquer et d’échanger ensemble de façon ouverte sur les blogues et les médias sociaux (le web en général, en fait)?

Modèle d’émergence de la communication 2.0

Ce long préambule aura probablement fait fuir ceux qui cherchent des réponses bien formatées (un message M qu’ils voudront répéter à B).

Sur le web, et les médias sociaux, la communication humaine semble faire exception au double paradoxe : elle est riche, abondante et ouverte. Le Cluetrain Manifesto ne dit pas autre chose (ce manifeste reste encore et toujours d’actualité; à relire).

Le modèle théorique de Jean-Louis Dessalles explique «comment une communication riche peut émerger entre agents égoïstes et rester stable». Il cite les «pratiques de communication 2.0 (Web, blogs, Twitter…)» comme un beau test à sa théorie.

Je vous laisse écouter (ça fait une 1 heure et quart, tout de même) et on s’en reparle dans le prochain billet.


Pourquoi donner des informations aux autres ? from Fondation Telecom on Vimeo.

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

4 thoughts on “Pourquoi partage-t-on des informations aux autres ? [1]

  1. Merci Martin de mentionner Jean-Louis. Son travail ouvre des voies inattendues et très profondes, jusqu’à la question de l’irruption du langage chez les premiers hominidés. Je laisse tes lecteurs découvrir cette mine d’or par eux-mêmes. C’est un vrai plaisir 😉

  2. Olivier, tu disais dans les commentaires du billet de Xavier «Dans la même veine, “Code is law” a été prononcé ici [en France], et avec nuances, bien avant que le Docteur Lessig le proclame. Par qui ? Cherchez bien !»

    J’ai pas trouvé et je suis bien curieux!

  3. Héhé, ben c’est ma pomme 😉

    Je développe l’idée d’une « perspective numérique » propre aux réseaux depuis 1995.(!!!), époque où je faisais des expériences sur des réseaux qui préfiguraient IP v6, le P2P et bien plus.

    Ma thèse est nous serions les acteurs d’une invention majeure, analogue à la « perspective spatiale », qui marqua le passage du monde hiérarchisé du Moyen Age, à celui, géométrisé, de la Renaissance ; analogue aussi à la  » perspective temporelle » née il y a deux siècles avec l’invention du télégraphe, et qui domine actuellement (ses  » points de fuite » sont les émetteurs de télévision, les moteurs de recherche et les sites web que nous connaissons). La perspective numérique, elle, est fondée, non pas sur des points de fuite comme les deux précédentes perspectives, mais sur des codes de fuite, de nature numérique, biologique, génétique, voire quantique, capables d’organiser des formes de commutation acentrée, synchrone ou asynchrone, à l’intérieur de la communauté humaine. Cette dernière perspective serait amenée à prendre le pas sur les précédentes.Elle laisse entrevoir des bouleversements de tous ordres, comparables (ou incomparables?) à ceux que vécurent les Renaissants.

    « Code is law » reste dans le domaine juridique et politique. Le « code de fuite » relève de la forme symbolique.

  4. Hello Martin, j’aime beaucoup ce cheminement de pensée. On peut aussi le rapprocher du travail de Francis Heyligen sur l’économie de l’attention (cf google scholar etc.). Nous avons là une source de pression de sélection tout ce qu’il y a de simple, mesurable et qui se marie bien avec le modèle des « solutions » que je défends : la solution partager de l’info se nourrit de temps de cerveau (et de bande passante sociale) et elle est en compétition pour vivre avec toutes les autres manières de dépenser mon attention au temps T.

    Je vais relayer ça sur le Facebook de la SFM. Amitiés, Pascal.

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