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Les maîtres à l’époque des blogues

Quand on tombe sur cette citation de 1879, on regarde à deux fois la date. On peut être surpris de citer Nietzsche pour expliquer l’émergence des nouveaux acteurs de la blogosphère (ou du web 2.0, ou des médias sociaux, selon vos fixations).

Effectivement, l’aridité habituelle des philosophes allemands ne laisse guère de prise à une facile réinterprétation à l’ère des réseaux. Quand on tombe sur ceci, c’est à se demander si tous les demandeurs de connaissance qu’a généré l’humanité n’ont pas attendu toute leur vie ce qui nous est offert à nous aujourd’hui.

Les maîtres à l’époque des livres

L’éducation particulière et l’éducation par petits groupes se généralisant de plus en plus, on peut presque se passer de l’éducateur, tel qu’il existe maintenant. Des amis avides de savoir, qui veulent ensemble s’approprier une connaissance, trouvent, à l’époque des livres, une voie plus simple et plus naturelle que l’«école» et le «maître».

Nietzsche (1879) «Humain, trop humain», supplément «Opinions et sentences mêlées», 2e partie «Le voyageur et son ombre», strophe #180 Traduction AM Destrouneaux et H Albert (Hachette Littératures, 1988, p. 607)

Il y a amplement de savoirs accessibles en ligne, et récemment générés, pour s’éviter de plonger dans les écrits lointains de l’auteur hermétique de Zarathoustra. Car il faut dire que pour les domaines de pointes, particulièrement pour comprendre Internet, il y a, pour ceux qui se donnent la peine, une pléthore de contenu, de référence, d’interprétation, d’hypothèse pour tenter de saisir notre époque. Mais ce que Nietzsche dit ici, me fait penser que ce besoin (cette tendance?) n’est pas nouveau.

Cette «éducation» par petits groupes a gagné toutes les sphères de la société, à divers degré et à un rythme peut-être disparate, pour nous faire dire qu’à notre époque, «on peut presque se passer de l’éducateur, tel qu’il existe maintenant. » On paraphrase à peine. « Des amis avides de savoir, qui veulent ensemble s’approprier une connaissance, trouvent, à l’époque des [blogues], une voie plus simple et plus naturelle que l’«école» et le «maître» ».

Pour poursuivre la réflexion, liste non exhaustive:

affordance.info (Olivier Ertzscheid): Le blogue d’un maître de conférences en sciences de l’information
Alain Giffard: culture, technologies, lecture, mémoire, hypertexte.
Aldus – depuis 2006 (Hervé Bienvault): Un blogue pour suivre l’actualité de la lecture numérique. A la découverte des livres numériques, livrels, ebooks et des nouveaux readers, liseurs, liseuses, tablettes, bouquineurs et autres « lecteurs » électroniques conçus pour les lire ! (Avec un clin d’oeil à Alde Manuce, éditeur-imprimeur à Venise il y a 500 ans…)
Bibliomancienne (Marie D. Martel): Ce blogue s’intéresse à la philosophie, à la littérature et aux bibliothèques à l’ère numérique.
Bloc-notes de Jean-Michel Salaün: Repérage de données sur l’économie des documents dans un environnement numérique
La feuille (Hubert Guillaud): L’édition à l’heure de l’innovation
Mario Tout de Go (Mario Asselin) : Le passage d’une « société de la connaissance » à une « société des connaissants » se fera au moment où les écoles cesseront d’ériger des murs et donneront toute la place aux fenêtres.
François Guité: Les compétences du XXIe siècle

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

4 thoughts on “Les maîtres à l’époque des blogues

  1. Luc, je crois qu’ils sont les premiers à étre sensible au phénomène… Maintenant je me demande s’ils vont trouver un façon de « conserver » ce qui fait en ligne pour la postérité…

  2. Merci Martin pour ce billet!

    Ce dont on ne peut se passer par contre, c’est de guides qui peuvent nous aider à démêler le volume faramineux d’information auquel nous sommes maintenant exposés.

    Je crois qu’effectivement, il est courant maintenant pour les utilisateurs du web de se regrouper sous l’égide d’un guide – blogueur ou tweep. Je crois aussi au pouvoir de conseils personnalisés offerts d’un guide à une personne, selon son profil unique, qui permettent à cette personne de prendre en main son apprentissage dans un domaine donné.

    « Des amis avides de savoir, qui veulent ensemble s’approprier une connaissance, trouvent, à l’époque des [cafés], une voie plus simple et plus naturelle que l’«école» et le «maître» ».

    Je vous invite, ainsi que vos lecteurs, à explorer et contribuer à E-180 pour poursuivre la discussion!

    Christine Renaud
    Fondatrice, Directrice générale
    E-180.com
    Twitter: @e180

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