Humour Video Viral

Interlude 3 : Logo JO

Il y a de ces images qui restent gravées dans la mémoire comme taches d’encre sur une chemise. Comment détruire un logo en 15 secondes. Vous comprendrez pourquoi chacune des chaînes de télé a préféré en créer une différente.

C’est la « suite » de la première version. Manichéen, mais efficace en chien.

Le viral fonctionne, car il joue sur une valeur sociétale très répandue en Occident (la Chine communiste est méchante – nous sommes les gentils). Le fond du message est tout à fait légitime (et il faut continuer à lutter pour plus de liberté dans ce grand pays) mais les moyens de diffuser le message laissent peu de place aux nuances et forcent l’amalgame simpliste dans les esprits de la caricature de dictature avec le régime actuel.

Parce que nous sommes enclins à croire le message (dans sa simplicité toute claire) il se transmet d’autant plus facilement qu’il semble « aller de soi ». Il faut jouer les stéréotypes, comme la pub, pour pénétrer rapidement et profondément le corps social.

Le viral fonctionne, car le terreau était déjà fertile. Comparer le nombre de visionnements avec ce vidéo sur un sujet encore plus mondial, alarmant et urgent: Peak (notez au passage l’étonnant choix visuel, qui est dans le même ton -et sur le même thème- que celui-ci). Certains sujets butent quand l’acte de foi est « trop grand ».

Demain nous verrons un vidéo qui atteint des sommets tout en promouvant une idéologie sous-jacente, non explicite, d’interprétation interculturelle.

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

2 thoughts on “Interlude 3 : Logo JO

  1. Ta présentation de ce vidéo m’a tout d’abord surpris. Avant de lire le reste de ton commentaire, je croyais que tu embarquais, toi aussi, dans cette vague d’antisinisme primaire (qui me fait souvent penser à l’antiaméricanisme primaire). Tu m’as donc fait pousser un soupir de soulagement.
    Pour te dire la franche vérité, je suis déjà las de la vague d’ethnocentrisme qui enrobe plusieurs présentations des JO. N’étant pas Chinois moi-même, je suis moins fâché que simplement fatigué. Et un peu craintif. Le terme « wary » conviendrait bien.
    D’après moi, ce sont beaucoup les médias traditionnels qui attisent le feu. Pas que je blâme les journalistes. Mais le journalisme participe à un système qui est peu adapté aux changements sociaux qui se vivent présentement.
    J’en viens à croire que la période historique qui nous a donné le nationalisme, le journalisme et le (néo-)libéralisme tire à sa fin. Le défilé des «nations», le 8 août, aurait pu être le dernier soubresaut de cette époque révolue.
    On peut toujours rêver.

    Pour revenir à la Chine… À cause des restrictions gouvernementales contre la «liberté de presse», il semble y avoir, de la part des journalistes euro-américains, un biais quasi-insurmontable contre la Chine. Pas seulement contre le gouvernement chinois qui restreint le travail des journalistes professionnels et de plusieurs blogueurs. Contre la population chinoise dans son ensemble qui devient classifiée à l’aide d’une catégorisation simpliste: cerveau lavé par le pouvoir en place, dissidents, victimes, membres du parti. Certains journalistes en viennent à utiliser des « wedge issues » pour justifier une attitude tout simplement intolérante à l’égard d’une population extrêmement vaste et diversifiée.
    Faut le faire!
    Ou, plutôt, faudrait s’en sortir, de cette petite myopie journalistique.

    J’ai bien apprécié la participation d’Otto Kölbl à Médialogues, la semaine dernière. Bon, ç’a donné lieu à des réactions plutôt viscérales, mais je suis quand même content d’entendre quelqu’un tenir un autre discours que celui, hégémonique, des journalistes euro-américains, à l’égard de la Chine.
    De la même façon que je dis à qui veut l’entendre que je ne suis ni anti- ni pro-américain, je vais devoir trouver une façon de faire comprendre aux autres que je ne vois pas la Chine en noir et blanc.
    Eh, bien…

    Parlant de la couverture médiatique au sujet de la Chine, comment as-tu trouvé la série « China Rises« , diffusée par la CBC l’année dernière? J’ai pas tout vu mais ce que j’ai vu m’a donné l’espoir d’un regard posé sur la Chine.

    «Le viral fonctionne, car le terreau état déjà fertile.»
    Ah! Dans cette phrase se cache tant de sagesse!

  2. Otto Kölbl résume bien le fossé que creusent les médias occidentaux entre l’intercompréhension des peuples…

    Je n’ai pas eu la chance de voir China Rises. Mais à ce que j’en comprends, c’est quand les médias (et, je souligne, les auditeurs aussi) prennent du temps, beaucoup de temps, pour expliquer une situation (et pour les auditeurs de l’entendre), alors il peut y avoir un début de transferts de vraie vision du monde.

    En fait, ça revient à dire que vouloir comprendre le monde qu’avec des titres d’articles, on le réduit à des stéréotypes…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *