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La francophonie est-il soluble dans FaceBook?

Lorsque même dans Elle.Fr on parle de FaceBook, on sait que l’on est devant un phénomène. Ou une bulle? Brasse-méninge.

Si le Canada, avec ses 8M d’usagers sur FaceBook (environ le quart de la population du pays), figure actuellement en deuxième position juste derrière les États-Unis –mais sera vraisemblablement dépassé par la Grande-Bretagne sous peu — au Québec, le taux de pénétration ne dépasse pas 12% (source Éric Baillargeon) et en France, c’est moins de 2% (soit 6 fois moins en proportion qu’au Québec).

Mais alors pourquoi dans les médias n’arrête-t-on pas de parler de ce service s’il est si peu utilisé par la population?

Pour quelques arpents de friends
Avec seulement 900 000 membres québécois et 1 million de français, il est clair que l’on ne peut pas dire que FaceBook s’est généralisé dans la population.

Soit! il faut bien être bilingue pour utiliser ce service, même si ce fossé semble vouloir se combler, (et la pression vient de l’intérieur) mais ce n’est pas la barrière première. Alors pourquoi avons-nous l’impression que FaceBook est au-devant de la scène?

La réponse est classique, on parle de FaceBook parce qu’il a frappé l’imagination des acteurs des médias traditionnels. Ou plus précisément, des gens de « communication ». Parce qu’ils l’ont adopté (ou du moins tâté) et par faux effet empathique, ils pensent que tous l’utilisent aussi (comme ils pensent qu’on aime tous la bouillie qu’ils nous passent). Et alors, faut-il y être présent « pour être dans le coup »?

Miroir, miroir, dis-moi qui est le plus viral
Le défi numéro 1 en communication, c’est la difficulté de voir son message atteindre son auditoire. FaceBook est l’outil viral par excellence. Vous pouvez déclencher une chaîne de « bouche à oreille » en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Un exploit qui impressionne les gens de communication.

Vous aurez d’ailleurs sûrement remarqué vous-même que c’est le cercle élargi
dépassant celui des geeks qui utilisent FaceBook. Ce sont ceux qui n’ont pas accroché la première fois avec les blogues, les wikis, les tags ou tout autre outil du web 2.0. qui sont maintenant emparés de cet outil, qui est au fond, un amalgame low-res centralisant des outils décentralisés plus performants déjà existants dans le web 2.0.

Un VIH communicationnel
Même si on n’est pas sûr de connaître tous les attentes et les usages de ce nouvel outil, cet outil fait mouche en offrant le web 2.0 « for the rest of us »…

Les gens des médias ont été premièrement alertés de l’arrivée du web 2. 0 quand, l’an passé Time Magazine a nommé « vous », la personnalité de l’année 2006. Vous, les internautes, les producteurs de contenu, les tagueurs, ceux qui font une « expérience sociale à grande échelle », selon les mots du Time.
À ce moment je disais que le grand public venait alors de recevoir le faire-part de naissance du web 2.0, une naissance dont il n’était pas au courant!

L’écho médiatique entourant la couverture du Time n’a laissé place à aucun doute: les médias, avec leur force d’agenda-setter, ont mis sur la place publique, et sous le nom de web 2.0, ce qui se passe sur le internet. À un tel point que votre mère vous demande aujourd’hui si elle ne doit pas mettre ses économies à l’abri au cas où le web 3.0 s’en viendrait 😉

Et ensuite est alors arrivé FaceBook. Et la prophétie s’est faite chair. En 2007 chacun pouvait être 2.0. Ou plutôt ceux dont le métier ou la passion les rivent devant un écran d’ordinateur: les travailleurs de symboles, candidats idéals pour cette sixième culture d’internet. FaceBook a concrétisé le « vous ».

Business as inusual
Alors, les gens d’affaires, qui ont entendu parler de FaceBook durant le temps des fêtes, recoupant ce que leurs neveux leur disaient depuis des mois et ce que les chroniqueurs de la presse people ont raconté pour remplir la période creuse, se demandent durant leur quart d’heure annuel de réflexion avant le retour au boulot: faut-il être présent sur FaceBook?

Vu le petit nombre de participants (dans la francophonie), ce marché n’est pas pour tout le monde. Mais si votre produit ou votre service doit surfer sur une image pour se vendre (pensons à des produits toxiques destinés à la consommation humaine dans restauration rapide 😉 vous avez devant vous les relais par excellence (mais attention aussi les plus critiques) car vous voilà dans le réseau social promu par des gens de communication.

3 réseaux sociaux et puis s’en vont
Si on se risque dans les simplifications, on peut regrouper les trois grands réseaux sociaux (mySpace, Skyrock et FaceBook) selon leur clientèle:

  • mySpace concerne les artistes,
  • Skyrock les ados et
  • FaceBook les travailleurs qui génèrent de l’information, de la connaissance ou de l’émotion.

Ces derniers sont des « opérateurs de symboles », ce que Robert Reich appelait en 1990 les « symbolic analysts ». Ils sont des travailleurs de la connaissance sous toutes ses formes (écrit, visuel, audio), ceux qui génèrent du sens (ou qui les gèrent).

Plus prosaïquement, ce sont ceux dont l’ordinateur est un outil de travail et qui se font convertir, un à un, au fait qu’il existe un deuxième écran sur le monde.

Si tel est votre clientèle. elle fuit la télévision. Peut-être qu’il est temps de les suivre là où ils sont…

Technoratitechnorati tags:

Image : Julien Ferrari du groupe-pétition Facebook en français,

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

6 thoughts on “La francophonie est-il soluble dans FaceBook?

  1. Je ne connais pas le volume d’utilisateur mais il y a un réseau social plus francophone qui s’appelle
    Viadeo. Dans ce réseau je pense que le reste du Canada serait probablement sous-representé par au Québec davantage francophone.

  2. Paul de Montréal, bon point. La langue influence grandement l’adoption. Je serais curieux de connaître les proportions pour LinkedIn.

    Bien sûr ici, le bilinguisme joue beaucoup. Un outil anglophone peut être adopté par un francophone mais un outil francophone ne sera jamais (ou si peu) adopté par un anglophone…

  3. Je crois Martin que tu oublies un autre grand reseau social. Surtout pour la communauté francophone. Elle a été un peu éclipsé par Facebool, mais hi5 reste très populaire auprès des jeunes francophones 18-30ans. D’aileurs en regardant les tag des villes, on se rend bien vite compte que Montréal est un gros joueur.

  4. Stephane, je ne faisais pas une recensions des réseaux sociaux, mais tu fais bien de citer celui-là.

    Ce qui m’a incité à me poser la question est que que FaceBook est beaucoup plus présent dans les médias que hi5. Pouquoi? Sûrement pas pcq nous avons le même taux de pénétration que dans le reste du Canada.

    C’est un effet d’illusion médiatique

    Ton commentaire renforce mon impression…

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