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L’exemple de Silicon Valley

Il peut paraître étonnant de se faire répondre ceci à une époque où la « virtualité » devient la « norme »: dans le domaine du financement des entreprises, ce n’est pas qui tu connais, mais où tu es qui compte.

Dans un article publié dans le New York Times aujourd’hui (It’s not Who You Know. It’s Where You Are), Randall Stross décrit l’écosystème qui permet à Silicon Valley d’être (et de rester) l’épicentre de tous les investissements et des ressources en nouvelles technologies.

Milieu fertile
Un tel écosystème comprend non seulement des entrepreneurs et des investisseurs, mais aussi une foule d’autres acteurs comme des « agents d’immeuble, des comptables, des chasseurs de têtes et des avocats qui comprennent la situation des entrepreneurs ».

L’exemple qu’il cite : même à New York, il peut être difficile de trouver une firme d’avocat prête à décaler la facturation des premiers 20 000 dollars de gestion légale nécessaire au décollage d’une entreprise. Dans la Silicon Valley, c’est pratique courante.

Tous les intervenants participent
Mais ce n’est pas seulement une question de financement : la main d’oeuvre aussi doit être prête à investir. L’auteur de l’article souligne qu’il n’est pas rare que les ressources travaillent gratuitment en échange de parts dans l’entreprise. Et ce pendant plusieurs mois.

Travailler sans salaire? Il me semble que quelque part dans la chaîne quelques personnes payent (ou emplissent leur cartes de crédit) afin que le miracle se produise. Évidemment, si on ne comptent que sur les investisseurs, la manne se tarirait très vite. Je comprends donc qu’à Silicon Valley, l’écosystème au complet, chaque partie, à petite dose, contribue à faire lever les projets.

La proximité comme facteur décisif
Ce qui ressort de l’article, c’est qu’il ne s’agit pas seulement d’avoir un bassin de gens talentueux, des grappes industrielles à l’avant plan, de grandes universités et beaucoup d’argent à investir : la proximité aide à se rencontrer.

Los Angeles, ville donnée en exemple dans l’article, est endroit qui n’a rien à envier à Silicon Valley, mais Dieu que c’est dispersé sur un grand territoire! Il est si dur pour les entrepreneurs et les investisseurs de se rencontrer. Grand territoire, réseautage plus lent, accords plus long à régler, moins de compagnies formées, moins de modèle de réussite, et l’écosystème se dissipe comme un gas.

L’auteur de l’article insiste beaucoup sur le temps de réaction: être physiquement près des investisseurs est essentiel. Les rencontres fréquentes et souvent avec de cours délais laissent peu de chance à un entrepreneur « excentré ». C’est que la présence physique est souvent irremplaçable lorsque la discussion devient très sérieuse. Le téléphone, la téléconférence et encore moins des « nouveaux outils » comme Second Life ne peuvent pas faire le poids comparé à une vraie rencontre face-à-face.

Comme quoi, même dans les nouvelles technolgies virtuelles, les bonnes vieilles techniques de relation humaine (proximité, rencontre face-à-face, confiance) fonctionnent toujours…

Ma lecture
Il me semble à la lecture de l’article que pour qu’une industrie de nouvelles technologies puisse lever et former une hub important dans une ville (ou une région), la venue (et la proximité) des investisseurs n’est pas la seule clef (même si elle est essentielle). Il y a un effet de levier quand tous les autres industries reconnaissent sa valeur. Le banquier, l’avocat, le comptable, le propriétaire foncier doivent être touché (et croire) au buzz de cette industrie. Et que ce buzz se concrétise en résultat palpable (et rentable).

L’industrie a donc besoin d’une caisse de résonnance pour faire sortir le message hors de son réseau. Nos réseaux ont besoin de se connnecter à d’autres réseaux pour répandre le message. Notre réalité ne doit plus sembler ésotérique à une très grande frange de décideurs locaux. Les médias ont intérêt à offrir une visibilité à cette émergence pour y donner une réalité.

Il faut une façon pour que le poul du milieu (pour reprendre un mot de Sébastien Paquet) soit entendu. Actuellement, il est trop fragmenté et inaudible. Êtes-vous d’accord?

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

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