Bravo pour l’initiative! Six mois environ après sa publication, le livre « la révolte du pronétariat, des mass media aux media des masses » vient d’être mis en ligne sous licence « Creative Commons » avec l’autorisation de l’éditeur Fayard, le livre intégral en versions html, pdf, mp3 (110Mo), xml et pour Itunes.
Joël De Rosnay et Carlo Revelli appliquent ce qu’ils préconisent : « la mise à disposition gratuite au plus grand nombre d’un ouvrage de référence sur la révolution du Web et la prise de pouvoir des pronétaires dans de nombreux domaines culturels, économiques, médiatiques, politiques ou scientifiques. » (source Le blog de la révolte du pronétariat)
Les auteurs sont aussi derrière le portail de nouvelles citoyennes agoravox.fr. Ils ajoutent que « tout ceci constitue une première dans l’édition française et même internationale.«
Un cas unique?
Mais est-ce vraiment « une première dans l’édition internationale » si Being Digital de Negroponte l’avait fait auparavant (source, leur livre, p.59) ? Wired magazine publie systématiquement ses articles intégraux depuis la mi-90. The ClueTrain Manifesto en 2000 est un autre exemple. We the media, aussi
Je ne trompe sûrement pas en estimant que certains écrivains ou maisons d’éditions obscures ont dû aussi les devancer aussi sur ce terrain, mais qu’un éditeur et un auteur reconnus fassent un si beau travail c’est tout de même digne de mention. L’offre combinée est très bien fait. C’est une belle initiative
Logique économique 404?
Mais je dois aussi préciser que l’offre vient des auteurs et non de l’éditeur (Fayard), car ce dernier n’offre pas le lien vers les copies en ligne. J’ai l’impression que l’éditeur reste imperméable au contenu du livre en question et je reste persuadé qu’il y aura beaucoup d’eau qui coulera sous les ponts avant qu’un éditeur se fasse concurrence à lui-même volontairement de cette façon. Après tout, son modèle d’affaire est de vendre du papier. La logique commerciale est sauve.
Mais alors à qui profite ce geste? Premièrement aux internautes (les » pronétaires »). Mais alors où se trouve la logique commerciale? Le livre de Negroponte a connu un rebond formidable après sa « publication » sur Internet. Je cite les auteurs, page 60. Serait-ce le cas, ici? Pourquoi pas? et tant mieux!
Publish or publish (online)
Mais alors c’est que le succès commerciale d’une telle initiative ne marche que dans des cas bien précis:
1. L’initiative provoque du bruit médiatique qui engendre la notoriété du livre papier auprès de
(a) ceux qui n’ont pas accès à Internet,
(b) ceux qui ne trouvent pas le lien sur Internet,
(c) ceux qui préfère le format « livre ».
2. L’initiative provoque du bruit médiatique basé sur la nouveauté (donner accès au téléchargement gratuit) qui engendre aussi la notoriété du livre auprès de ces mêmes gens; mais alors la nouveauté s’estompera si la technique est répétée systématiquement :
soit (a) il n’y aura pas d’engendrement de notoriété,
soit (b) le public attendra systématiquement aussi la version en ligne gratuite en nuisant aux ventes papier…
Mutations loin devant
Il y a bien une mutation en cours dans le monde de l’édition . Mais elle est encore très mineure. Je ferais le pari que c’est pcq la vraie édition en ligne n’est pas encore là : télécharger sur le web fera allure de comportement de cro-magnon d’ici peu.
Faites apparaître les eBook Reader sur papier digital, ou les radio-podcast wifi et si le téléchargement d’un livre (et sa lecture) se fait aussi facilement que de télécharger un mp3 et l’écouter sur son baladeur, je suis sûr que cela refroidira l’ardeur des auteurs et des éditeurs (du moins si leur but est de faire de l’argent avec le livre).
Il faut regarder du côté des musiciens et leurs stratégies web pour avoir une idée de la façon dont le monde de l’édition va réagir à la mutation. Intéressant à suivre…
Son « international » est en effet exagéré, Cory Doctorow a fait c’est biennn avant et en même temps que la sortie papier, pas quelques mois plus tard.
On aurait du lire: « a fait ça »
« Du bon usage de la piraterie » de Florian Latrive est aussi diffusé sur le net. Mais ce livre n’est plus édité.
2 ans après, force est de constater que le journalisme citoyen s’est imposé dans le paysage médiatique francophone.