Technologie mise à part, la blogosphère est un lieu essentiellement de « conversation ».
Il s’agit donc de compétence en « argumentation » (construire sa pensée et la défendre), en « rédaction » (car, bien sûr, sur un blog il faut écrire) et en « communication » (techniques, style, flair et séduction).
Pour me faire comprendre, je dirais qu’il faut chaque fois remplacer le mot « blog » par « conversation ». Du coup quand on cherche à implanter un carnet (en classe, en entreprise, pour soi-même, pour sa famille, ses amis, etc) on pourrait s’expliquer plus facilement son succès ou son échec. J’ai l’impression qu’il y a des pistes d’ordre psychologique ou sociale et que cela touche profondément un sujet désespérément vaste: la motivation personnelle.
Qu’est ce qui motive quelqu’un? Comment transmettre la motivation? j’aimerais bien le savoir…
Rémy Gauthier a tenté de faire utiliser les carnets par les étudiants de sa classe à l’Université. Son résultat semblait mitigé, à ce qu’il en dit. Il y avait comme un manque de motivation (malgré les points rattachés au projet dans le bulletin).
Pour ma part, ça me fait dire qu’éventuellement les carnets atteindront un plateau d’utilisateurs : ce n’est pas tout le monde qui a quelque chose à dire, ou qui veut le dire, ou qui veut le partager, qui aime utiliser cet outil pour le partager…
J’aimais bien ma métaphore Bmail qui consiste à résumer que le blog n’est un « courriel à tous », que finalement le destinataire ne s’inscrit pas dans le champs to:, ni le cc:, ni le bcc: mais bien comme un message à qui de droit…
Il faudra reconnaître que certains (peut-être beaucoup) préfèront s’en tenir au courriel, s’ils veulent communiquer. La blogosphère ne restera alors qu’une sous-partie de l’univers du email car je considère les billets des carnets (les posts des blogs) comme des lettres ouvertes, comme une correspondance épistolaire dont l’auteur assume immédiatement sa publication (et non à titre posthume 😉
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La réflexion est intéressante, et je suis les expériences de Rémy avec intérêt… mais je ne crois pas que l’analogie du courriel, ou même de la conversation soit complète.
Il n’y a pas que la communication qui peut guider quelqu’un vers les carnets. Dans un contexte éducatif, je persiste à croire que c’est d’abord un outil de gestion personnelle de l’apprentissage. Un outil de gestion des connaissances. Un portfolio aussi souple que continu.
Et sur la motivation… je ne pense pas que le fait d’accorder des notes puisse être suffisant pour motiver des jeunes ou des moins jeunes à se lancer dans une aventure aussi complexe (pas compliquée, mais complexe). C’est une illusion.
Comme accorder des notes pour participer à un forum de discussion… ça donne rarement de très bonnes interventions.
En conclusion, je pense qu’il ne faut pas perdre de vue que les motivations à « avoir un blog » sont multiples et en tenir compte quand on initie un projet… et quand on en fait l’analyse.
Clément Laberge
http://carnets.ixmedia.com/remolino
Je suis bien content que tu écrives ça, Clément, parce que dans ma théorie, je n’avais pas encore trouvé une place pour ce que vous faites chez Opossum. Je sens bien que je n’inclus pas vos expérimentations comme ils se doivent. Du moins pas d’une façon satisfaisante (elle peut te sembler réductrice). J’ai un biais vers la communication alors que vous vous profiler dans l’apprentissage. Réflexion à venir…
Avant de penser à pouvoir motiver quelqu’un à écrire dans un blog, je crois qu’il faut d’abord se questionner sur la capacité que l’on a à se motiver soi-même à écrire…
Je n’ai pas une connaissance aussi large que toi du domaine des blogs Martin, mais du peu que j’ai découvert jusqu’à présent, je conçois le blog un peu comme une bouteille que l’on jette à la mer, sans avoir aucune certitude que cette bouteille sera recueillie par quelqu’un d’autre.
Afin de faire preuve de ses habiletés d’argumentation et de communication, je crois qu’il faut d’abord se persuader soi-même de l’intérêt de commencer à tenir un carnet. Il faut savoir pourquoi on veut écrire, mais surtout d’avoir la volonté d’écrire pour les autres que soi-même.
Depuis plus d’un an maintenant que je tiens différent blog, et ce n’est qu’après avoir discuté avec toi que j’ai réalisé que le blog pouvait servir à communiquer mes réflexions.
Auparavant, je ne voyais les blogs que comme de simples vitrines sur l’intimité de milliers d’étrangers, sa plus grande utilité pour moi étant de pouvoir rassembler à un même endroit des paquets de notes incompréhensibles prises pour mon travail et que j’aurais certainement égarés autrement.
Tu sais, à propos d’expériences d’utilisation de blogs à l’université, j’ai suivi un séminaire l’an dernier où nous avions l’option de rédiger le travail via un blog. Après quelques semaines marquées par un taux très faible d’activité, le professeur nous est tombé dessus en nous disions que nous étions des incapables marqués par la honte d’exprimer nos idées. Ça lui a tout pris pour susciter notre participation (et pour nous de nous remettre de notre terreur!).
Je réalise aujourd’hui que ce prof avait négligé de considérer que d’écrire dans un blog nécessitait toute une réflexion et une appropriation : justement, quoi écrire, et surtout, à qui écrire ?
Tant qu’on ne trouve pas réponse à ces questions, je reconnais qu’il peut y avoir une grande angoisse à réfléchir sans savoir si on est lu par quelqu’un quelque part.
Pour la petite histoire, le professeur en question ne propose plus désormais à ses étudiants
De faire leur travail au moyen d’un blog.
Mathieu, ton témoignage m’éclaire plus.
J’avoue que si j’ai réussi à ‘motiver’ quelqu’un à blogger par le passé, je suis incapable de formellement expliquer comment j’ai fait.
Souvent on cherche les raisons logiques, pédagogiques, formelles qui expliquerait tel ou tel comportement ou motivation. Finalement, je crois que la bonne vieille méthode de l’émulation marche toujours.
J’écris un blog parce que les gens que j’estime écrivent un blog.
J’écris un blog parce que j’ai trouvé tellement de bonnes idées sur d’autres blogs que j’ai voulu moi aussi faire partager mes étincelles.
J’écris un blog parce que la sensation d’être lu me motive à clarifier mes idées (et que mes lecteurs me le confirme avec leur commentaires éclairants).
Par l’émulation, la machine se met en marche, sans autre raison.
Quand à ton professeur, je suis d’accord avec son objectif mais je n’aurais jamais tenté l’expérience sans avoir l’assurance de réussir. J’aurais failli aussi, je crois.
Mais à sa place je ne l’aurais jamais fait car il faut savoir distinguer ce qui nous fascine dans l’outil et ce qui tient véritablement du concept.
Les expérimentations d’Opossum (Clément, plus haut) vont dans ce sens…
Voici un autre usage du blog à considérer : le blog comme exutoire de ses frustrations personnelles.
Dans ce cas-ci, le blog sert d’alternative au cri dans un oreiller ou à casser les pieds de son entourage!
Je viens de lire un article sur cyberpresse qui raconte que les élèves (et même certains parents) utilisent les blogs pour critiquer leurs professeurs sans retenue.
Voici le lien, au cas où tu ne l’aurais pas déjà lu :
http://www.cyberpresse.ca/technosciences/article/article_complet.php?path=/technosciences/article/19/1,5296,0,052005,1038724.php
La questions « à qui écrit-on? » me semble intéressante car je me demande depuis quelques temps si mon weblog n’est pas devenu l’incarnation d’un ami imaginaire qui maintenant me répond. Est-ce que les personnes qui ont un dialogue intérieur ont plus de facilité à tenir un weblog ? Exposer mes pensées me permet de les clarifier, et si je sais à qui je m’adresse je peux ajuster le ton, orienter les idées. J’ai un weblog qui me sert d’interlocuteur toujours disponible, parce que les lecteurs se passent le relais.
Écrire sur un carnet web évite les raccourcis qu’offre le journal privé.