Autorite internet Societe

«On ne peut pas balayer aussi vite la question»

Plusieurs commentaires de qualité à propos de mon (mes) billet(s) sur la soi-disant disparition des (grandes) idées, critique de «The elusive big idea», publié dimanche dans le NYTimes.

Comme j’ai écrit ma critique sur Triplex, Zéro Seconde et sur G+, les commentaires sont un peu dispersés. J’ai tenté de répondre quand je pouvais.

«Ta démonstration serait plus convaincante si»

Un commentaire a retenu mon attention, pour sa critique, sa pertinence (et l’autorité du commentateur). Et je la reposte ici pour mémoire (en donnant des fragments de réponses, tout en sachant qu’ils ne closent pas la question)

Sur Triplex, Jean-Michel Salaün, la première partie de son commentaire se lit comme suit:

«Ta démonstration serait plus convaincante si les exemples que tu donnes ne tournaient pas tous autour de la même question du rôle social d’internet. Et malgré leur intérêt – ce sont des blogues que je lis aussi régulièrement – ils sont difficilement comparables aux auteurs cités. Dès lors, il me semble que tu confortes plutôt involontairement l’argumentaire que tu critiques.»

J’avais cité Olivier Ertzcheid, Hubert Guillaud, Mario Asselin, Sébastien Paquet et Marie D. Martel. J’aurais pu citer aussi Vincent Olivier, Rémi Sussan ou Enkerli ou Lemire  Ou, pourquoi pas, Jean-Michel lui-même.

Mais son point reste toute fois encore valide. Ils sont tous très proches de ma sphère d’intérêt personnel (impact d’internet sur la société, avec un faible pour la science de l’information).

Par contre, je suis moins convaincu qu’ils ne produisent pas de grandes idées.

Mais si je me mets sur son terrain d’argumentation, je ne devrais pas enligner Asselin et Einstein sur le même niveau (si le premier a révolutionné une école primaire dans la ville de Québec, le second a redéfini le temps et l’espace pour toujours). Soit.

Par contre, si j’avais cité des auteurs anglophones, disons Shirky, Anderson ou Tapscott, je serais déjà au niveau de McLuhan. Et je ne conforterais pas nécessairement involontairement l’argumentaire que je critiquais.

Shirky, Anderson et Tapscott ont les caractéristiques requises, je crois, pour être de ces intellectuels qui pondent des grandes idées. Mais principalement parce qu’ils sont anglophones et qu’ils intéressent déjà les grands médias — ils ont donc une plus grande portée que ceux de ma liste.

Dans l’argumentation initiale, la notion de «grande idée» découlait de sa popularité — donc de sa grande diffusion. Et ceux qui ont accès aux grands médias ont de grandes idées? Ou ne serait-ce pas un effet autoréalisateur?

Les idées qui ne plaisent pas au centre restent en périphérie et n’acquièrent pas le statut de grande idée…

«on ne peut pas balayer aussi vite la question»

La deuxième partie de son commentaire sera pour moi matière à réflexion future –probablement des billets à venir sur Zéro Seconde.

«Même si la nostalgie d’une génération pour la grandeur passée de ses idées est un classique de toutes les époques. Il me semble que l’on ne peut pas balayer aussi vite la question de la rapidité de lecture, du déplacement de l’autorité et du rôle de l’intellectuel sur l’internet.»

Bon, je vois qu’on ne me laissera pas m’en sortir aussi facilement ;-0

Pour amorcer la réflexion, je me mets quelques notes, qui sont des pistes de départs (et non des conclusions). J’essayerai d’y répondre plus formellement une autre fois…

Rapidité de lecture

Lire et écrire Internet : définition, enjeux et évaluation des littératies numériques, Emmanuel Duplaa

Déplacement de l’autorité

Autorité et pertinence vs popularité et influence : réseaux sociaux sur Internet et mutations institutionnelles, Olivier Le Deuff, 2006

Rôle de l’intellectuel sur Internet

Rencontre débat : Les intellectuels s’engagent-ils sur Internet ? Avec Jean-Marie Colombani et des sociologues des médias réunis le 16 novembre 2010.

D’autres pistes?

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

One thought on “«On ne peut pas balayer aussi vite la question»

  1. Vrai qu’il y a tout de même des lieux de débats d’idées d’un grand intérêt et Google+ va, je le sens, devenir une plateforme très utile pour suivre ceux qui alimentent la vie intellectuelle. Pour peu qu’on fouille, on trouve des gens passionnants à suivre et en classant tout ça grâce aux cercles, on a des fils, ma foi, fort stimulant. Peut-être avons-nous là un outil pour sortir des lieux plus spécifiques [un exemple: http://www.thescienceforum.com/%5D ces débats. Qui sait?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *