Communication Twitter

La demi-vie de twitter

Nicolas Carr dans un billet avant-hier, The Fickle Twitterer, suggère que la montée fulgurante de Twitter (14 millions d’usagers) n’a d’égale que le nombre de gens qui abandonnent l’outil (60%). Avec un taux de rétention de 30 à 40%, Twitter montre ses limites avec une demi-vie plus courte encore que celle des blogues.

Essayer n’est donc pas l’adopter. On pourrait trouver intéressant dans d’autre domaine de retenir 30 % de sa cible, mais ici, après avoir fait le tour du monde, comme pour un feu de brousse, il n’y aura plus rien à brûler…

Carr cite les chiffres de Nielsen montrant que MySpace et Facebook avaient des taux de rétention deux fois plus élevés à la même période (étape d’expansion accélérée) et qu’il se stabilise aujourd’hui à 70%. (source)

Il termine en disant que si les chiffres de Nielsen sont justes et ne changent pas, Twitter deviendra la radio amateur du web 2.0 (c’est-à-dire un univers clos et réduit de gens qui soliloquent…)

Un peu abrupt comme déclaration. Je crois plutôt que les chiffres montrent que dans un univers (relativement) libre et (à peu près) sans contrainte, où tous peuvent devenir des producteurs de contenu, ce pouvoir n’est pas à la portée de tous.

Que ce soit pour des questions de temps ou d’intérêt, nous ne voulons pas tous être des médias…

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

9 thoughts on “La demi-vie de twitter

  1. J’ajouterais que ça prends du temps comprendre twitter, pour avoir la pleine expérience de « l’intimité ambiante » ça prends un réseau de contact, du temps et de la patience.

    Ça aussi, ce n’est pas donné à tous (et ce sont de problèmes que Twitter peut amoindrir dans les prochains mois avec certaines amélioration à son service).

    La plupart des gens à qui j’ai présenté twitter (et qui y sont encore) on été patients pour avoir le moment « aha »! Mais sans réseau de contacts, twitter c’est comme avoir un téléphone sans avoir le numéro de personne… mais c’est aussi comme une radio-amateur ou tout le monde peut parler en même temps. Pas évident.

  2. Mon expérience personnelle me démontre qu’il faut du temps pour se convaincre que Twitter vaut la peine. J’estime avoir investi environ 30 minutes par jour (sur Twitter et quelques autres réseaux) pendant 2-3 mois avant de considérer l’exercice utile/pertinent et développer une certaine fidélité réciproque dans la communauté. Et je continue à le faire pour maintenir le rythme.
    Le rendement sur investissement serait-il inversement proportionnel à la longueur du message?! Comme toute stratégie de communication, il n’y a pas de succès instantané…

  3. Je suis entièrement d’accord cette conclusion. Twitter s’adresse davantage au fiable pourcentage d’internautes qui produit du contenu (exemple: blogueurs).

    Une très grande proportion du monde est réservée dans la vie. Ils ne sont pas tous assez extravertis pour profiter pleinement de Twitter.

  4. Dire qu’une personne vient et abandonne ne veut pas dire qu’elle ne reviendra jamais!

    Plus encore que Facebook et autres, il est important soit de pouvoir se reposer sur un réseau de connaissance existant (des amis utilisants déjà Twitter), soit de s’en bâtir un (ce qui est généralement un peu plus pénible).

    Une personne qui abandonne aujourd’hui y reviendra peut-être dans quelques mois si autour d’elle une masse critique de connaissances s’y mettent et lui fournissent un intérêt supplémentaire.

  5. Dans tous les cas, je ne crois pas, vraiment pas, que l’aventure de twitter, comme pour les blogues, que ce soit une histoire de quantité. Twitter, sa force, c’est la « qualité » de résonnance de sa communauté…

    @Sylvain
    Ton analogie du téléphone sans numéros d’amis résume très bien la situation de Twitter. Pour moi Twitter n’a de valeur que par le réseau de gens qui y sont.

    @Patrice-Guy
    Moi ça m’a pris 6 mois pour vraiment considérer Twitter. Puis tout a débloqué quand j’ai vu les personnes importantes de mon réseau s’y impliquer…

    @Nicolas
    Qu’il y ait des gens « réservés », c’est normal, tu as raison, ça demande d’être extraverti. Mais l’autre gros frein est l’absence possible de besoins de transmettre de l’information, de réseauter, d’être en mode veille, de vouloir être à l’affût de scoop ou de d’apprendre de nouvelles choses. Via un outil en ligne de surcroît. Les info-junkis sont un faible pourcentage de la population, j’imagine aussi…

    @Hoedic
    Abandon n’égale pas un retour future, c’est vrai, mais ça ne facilite pas les choses nécessairement. Si ton réseau aussi abandonne, il y a peu de chance que ça lève. Mais sur le fond, tu as raison, car ça a été clairement mon cas (et peut-être celui de la plupart de ceux qui ont commenté ici): le déclencher ultime est son réseau…

  6. La simplicité de Twitter est assez déroutante.

    Comme le souligne Sylvain la valeur de l’expérience qu’on y retire est proportionnelle au dynamisme du réseau et à la familiarité qu’on possède avec les fonctionnalités de l’outil.

    Cela dit, mis à part la patience, la curiosité est également démisse afin d’apprivoiser convenablement cette plateforme de communication.

    Est-ce que Twitter est trop compliqué pour les non-initiés? Da Vinci disait que le summum de la sophistication restait la simplicité.

    Twitter serait-il une forme de communication trop sophistiquée pour le mainstream?

    Qu’en pensez-vous?

    A.

  7. Andrès, en tant qu’outil, il est on ne peut plus simple. C’est dans sa fonctionnalité que ça se complique! Ça prend du temps de comprendre sa valeur d’usage, et il a fallu la sortie d’autres outils complémentaires pour décupler sa force (logiciel ou sites)…

  8. Je m’excuse d’arriver un peu tard dans ce débat, mais j’aimerais soumettre l’hypothèse suivante : Bien qu’il soit compréhensible qu’un service comme Twitter perde un peu de son élan suite à une croissance aussi fulgurante et à une diminution de l’effet de mode et de curiosité, je crois que les chiffres évoqués dans l’étude de Nielsen sont faussés par le fait que de très nombreux utilisateurs interagissent avec Twitter par l’entremise de services tiers, tels que TweetDeck, ce qui provoque une baisse de la fréquentation du site de Twitter, mais pas de son utilisation.

  9. Alain, c’est une très bonne question et Nielsen y a répondu ici« So, as an update, we went beyond just Twitter.com, adding in more than 30 websites and applications that feed into the Twitter community including: TweetDeck, TwitPic, Twitstat, Hootsuite, EasyTweets, Tumblr, and many others.

    The results verified our initial findings: about 60 percent of people on Twitter end up abandoning the service after a month. The year-long retention curve looks very much the same as the one for just Twitter.com. »

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