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Tagger comme les chinois

« Indo-European languages think in terms of Semantic Web, Chinese thinks in terms of Web 2.0. » Semantic Web and Chinese , par Luciano Floridi (Prof à Oxford)

La grande différence entre les langues Indo-européenne -comme le français- et le chinois, c’est que nous insistons davantage sur le sujet, alors que les chinois insistent sur le thème.

« Marcel aime la bouillabaisse » insiste sur le sujet Marcel, alors que les chinois vont préférer « En ce qui concerne la nourriture, Marcel préfère la bouillabaisse » en parlant du thème gastronomique.

« In one case [la langue Indo-européenne], the key issue is to have URI and triple-relations of the kind « x is y ». Good old fashioned Greek metaphysics. This is the essence of every ontology. In the other case [la langue chinoise], you state a topic and tag it. »

Le web est la poursuite de la colonisation dans les esprits
Ce qui lui fait dire que le « web sémantique » est en quelque sorte une tentative ultime d’indo-européanisation massive du web. Qui a dit que la technologie est neutre? (et qui a dit que l’Ouest va gagner?) 😉
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Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

8 thoughts on “Tagger comme les chinois

  1. Qu’en est-il alors des langues amérindiennes qui sont beaucoup plus axées sur le verbes, tandis que les nôtres se fondent sur le nom (par exemple, un verre serait, dans certaines de ces langues, un « on-y-boit »)?

  2. Cela me fait penser à Ranganathan.
    Je cite : « Dans une classification à facettes, l’unité sémantique de base est le concept, ou « isolat »,
    plutôt que le sujet. » Qu’en pensez-vous ?

  3. Marc-André, je m’avance sur un territoire que tu maîtrises mieux.

    Est-ce ces langues amérindiennes favorisent la forme sujet, prédicat et objet (qu’importe l’ordre): dans ce cas elles seraient associées à l’ontologie (au sens donné en science informatique), du Web sémantique, si on garde la même image que propose Floridi.

    Sinon, en temps que verbe seulement, il ne serait pas si bête de le placer dans le web 1.0, dans la même mouvance taxinomique que la classification hiérarchique classique.

    Pour avoir raison, il faudrait alors qu’il y ait des formes comme « On-y-boit-quand-on-est-en-canoe », « On y boit-quand-on-est- couché-malade » etc

  4. Dans ces langues, l’idée de changement, de mouvement, de transformation prime sur la fixité. On met l’accent sur ce qui se passe, sur ce qu’on fait ou peut faire plutôt que ce qui est. En tant que tel, elles seraient plus près des langues chinoises (il n’y a pas une langue chinoise, mais plusieurs, tout aussi éloignées, à l’oral du moins, que peuvent l’être deux langues indo-européennes comme le lithuanien et le français), ce qu’on en dit (le prédicat) que ce dont on parle (le sujet).

    D’ailleurs, c’est un peu problématique de traduire les termes utiliser dans l’article original, étant donné que « topic » peut se traduire par « sujet », mais aussi que « thème », en lignuistique, fait généralement référence au sujet d’une phrase (par oppositon au prédicat, ou rhème).

  5. Marc-André, donc, d’après ce que tu dis, les langues amérindienne ne sont pas pas dans l’ontologie, et ne serait pas web sémantique (toujours pour garder l’image de Floridi). Elles seraient elles aussi web 2.0 : on fixe un concept, puis on lui donne des attributs…

    Quant à ma traduction, je suis doublement perdant devant un linguiste traducteur comme toi 😉

  6. Quand je parlais de cervaux sensibles, je pensais à celui entre mes deux oreilles et je faisais référence à ce genre d’article qui me demande plus d’une lecture 😉

    De manière totalement partisane, j’espère que l’Ouest va gagner, car j’aurais encore plus de mal à suivre un Web en Chinois !

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