J’écrivais, il n’y a pas si longtemps : « La crédibilité représente la seule « réalité » dans le monde l’information. Il y a moyen de jouer dans les zones grises. Mais dès que la ligne est franchie, c’est tout le système qui éjecte immédiatement ce corps malade de peur de contaminer irrémédiablement ce qu’il y a le plus précieux : la crédibilité. » Voici un cas de figure patent.
La blogosphère et le monde des journalistes ont évacué en moins de deux Élodie, la blogueuse de droite sur les dessous de la politique. Tout le blogue a été complètement retiré d’internet. Tout? Non, une cache résiste encore à l’effacement.
Soupçonné de ne pas être celle qu’elle dit être, pointée du doigt comme étant peut-être même un collectif à la solde d’un parti politique, elle a plié bagage plutôt que de se montrer. L’anonymat n’est, ici, pas en cause. L’usurpation d’identité l’est. Un cas de figure nommé astroturfing, sur lequel je m’étais penché il y a un an et demi.
Faute et usage de faute
La blogosphère, par essai-erreur, consolide les limites de l’usage des carnets sur Internet. Écrivez ce que vous voulez, mais si vous dites que vous êtes un chat, soyez un chat. Malheur à vous si on découvre (ou même, soupçonne) que vous êtes un chien. Sur la blogosphère, c’est une faute impardonnable.
La crédibilité, dans le système de la blogosphère et journalistique, est trop fragile pour laisser planer le doute d’une manipulation des perceptions.
Toxine
Le but d’une manipulation est de créer l’apparence d’un blogueur autonome qui réagit à ou promeut une idée ou soutient une politique. L’intox, la désinformation des pensées citoyennes, consiste à laisser flotter l’idée d’une pensée « grassroot », considérée, particulièrement dans la blogosphère, comme étant plus « sincère ». Donc plus virulent dans son influence auprès des autres citoyens.
La disparition du site d’Élodie est à ce prix.
Notez aussi ce fait significatif
Le travail final pour débusquer l’imposture a été fait par un journaliste des médias « trad », basé sur des indices provenant de la blogosphère. S’il y avait besoin d’une preuve de l’interdépendance nouvelle des sphères, elle toute trouvée. Mais notez bien tout de même que c’est la publication de l’article qui a fait fermer le blogue. Question de bien se souvenir des rapports de force.
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Pour remonter le fil de l’histoire:
(19 sept)Qui est Élodie Gagnon Martin ? Par charitybernhard
(28 sept)Les dessous d’un mystérieux blogue adéquiste. Par Antoine Robitaille (le Devoir)
(28 sept)Apprendre à lire entre les lignes d’un blogue politique. Par Mario Asselin (Opossum)
(28 sept)Élodie Gagnon-Martin : un blogue « clé en main »? Par Renard Léveillé
(28 sept)« Élodie Gagnon-Martin » payé(e) par l’État? par Un homme en colère
(28 sept) En dessous du masque d’Élodie Gagnon-Martin : une créature de l’ADQ !?! Par RadiCarl.net
(28 sept)La mystérieuse blogueuse adéquiste cesse ses activités. Par Antoine Robitaille (le Devoir)
Pour ceux qui n’ont pas eu l’opportunité de consulter le blogue d’Élodie Gagnon-Martin, voici quelques extraits (par Plume Souverainiste)
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Ajout du 2 octobre: un RIP d’Antoine sur le cas Élodie avec une belle brochette de citations.
Et ne manquez pas jeudi entre 13h00 et 14h00 sur CIBL 101,5 l’émission de Michel Dumais, Citoyen Numérique, où je parlerai de l’affaire Élodie avec Gilles Dauphin et Antoine Robillard.
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