Livre

Là où le futur diverge

Une philosophie QR? « Il est fondamental que le philosophe actuel ait une grande pratique du numérique pour qu’ils [..,] ne voient dans le numérique que le cheval de Troie de la gadgetterie américaine, commerciale, aliénatrice ou perverse ».

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La citation est tirée du tout récent La divergence du futur, de Hervé Ficher, publié cet automne chez VLB.

Ne cherchez pas à faire entrer cet auteur dans une seule case. Hervé Fisher est un professeur, artiste, philosophe, de double nationalité, française et canadienne, qui vit chez nous, à Montréal, tout en parcourant aussi le monde.

Il a écrit de nombreux livres sur les métamorphoses que provoque le numérique.

Dans « La divergence du futur », son propos aborde les conséquences de l’émergence des «technosciences» dans la destinée de l’humanité.

Destin est un mot peu approprié, car pour lui, il n’y a pas de destion: la bifurcation où nous sommes rendus demande à l’humanité de faire un choix.

Le monde se transforme plus vite que nous-mêmes, notre conscience, nos idées.

Une nouvelle génération émerge qui reprend confiance au progrès, pour le meilleur ou le pire.  Et pour Hervé Fisher «le numérique réenchante le monde».

L’expression «désenchantement du monde» renvoie, dans son sens strict, à un phénomène social : le recul des croyances religieuses ou magiques comme mode d’explication des phénomènes.

«Réenchanter le monde» est donc un retour des croyances, aux mythes, mais, cette fois-ci avec les nouveaux paradigmes apportés par la technologie.

« […] nous sommes entrés désormais dans le postrationalisme pour explorer et modéliser le monde au-delà de ce stade d’interprétation élémentaire et prendre en compte la complexité du monde »

Arthur C. Clarke, le célèbre romancier, a dit une fois «Toute technologie très avancée ressemble à s’y méprendre à de la magie»…

C’est donc peut-être avec une pensée magique, je comprends, que M. Fisher estime que les nouvelles générations entrent dans le numérique «sans se poser de question [sur le] progrès technologique, qu'[elles] tendent à identifier au progrès humain».

«Nous avons foi dans les ordinateurs»

Hervé Fisher va donc dans ce livre toucher plein d’innovations technologiques pour en souligner les bons côtés et les mauvais côtés.

J’aime lorsqu’il dit d’emblée que «l’innovation n’est plus une spécialisation». «[L]es technologies numériques deviennent aujourd’hui un catalyseur puissant de cette réunification de l’homme créateur avec lui même […]».

Une nouvelle pensée va en émerger, qu’il a appelée dans ses autres livres, «la pensée en arabesque», une pensée non linéaire, seule capable de penser le monde qui émerge.

«Pour le moment, nous cultivons encore le fantasme d’échapper au réel dans une euphorie énergisante, en apesanteur dans le numérique».

Il a raison. Attendez qu’arrivent les mondes virtuels, que les lunettes en réalité augmentée inondent le marché…

Mais il avertit, qu' »un jour viendra inévitablement où nous éprouverons une nostalgie du réel, une nostalgie de l’analogique et de la matière. »

Reste à imaginer comment s’opéra ce retour du réel, conclut-t-il.

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

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