Livre Tendance

Support physique : fin annoncée?

Avec le tout numérique et une conscience généralisée d’être plus écologique, ce pourrait-il que nous assistions à la fin du support physique du contenu en tout genre (musique, nouvelles, etc.)?

Quelques liens sur le sujet

The End of Tangible Media is Clearly in Sight (Steve Rubel – Micropersuasion)
La fin de supports matériels (CD, jeux, livres, journauxc) serait en vue selon lui, aussitôt que 2014 (aucune idée pourquoi cette date). Aux États-Unis il voit certains signes de ce déclin: Microsoft vient d’ouvrir une boutique en ligne de téléchargement de logiciels; Apple vend des jeux sur iPhone et iPod; Oprah promeut le Kindle; des livrels apparaissent pour le iPhone; etc.
Il pose la question qui tue: quand avez-vous acheté pour a dernière fois un CD, ou lu un journal, une revue?

Do newspapers have 6 more months? (Steve Outing – journaliste)
Il constate qu’après la rencontre entre 50 agences de presse américaine cette semaine sur la crise actuelle, que la conclusion soit de se retrouver dans 6 mois pour continuer à en parler constitue un acte de déni mortel: constater qu’il y a un problème, aujourd’hui, c’est faire le jeu de l’autruche à l’aube d’une implosion imminente.

Google Signs a Deal to e-Publish Out-of-Print Books (NYTimes.com)
L’industrie du livre semble prendre note de l’effondrement de l’industrie de la musique qui a laissé passée sa chance. De multiples initiatives commencent à voir le jour et on se demande où cela va finir.

[ajout 20:22] Le défi numérique du Québec (Geneviève Lefebvre – Journal de Montréal)
« Ce n’est pas que pour les beaux yeux de l’écologie que la notion de développement durable s’impose en édition. C’est maintenant une nécessité économique. » [fin ajout]

Hum, le fond de l’air effraie
Il est toujours difficile de faire des pronostiques, mais pour ceux qui sont sur le web depuis longtemps et qui savent comment l’ordinateur permet un accès 1000 fois plus aisé au contenu, la venue d’un ultime outil, maniable, flexible, pratique et portable qui permettrait de retrouver le plaisir de lire à l’écran sonnera le glas pour le monde de l’imprimé. Pour le monde la musique c’est déjà terminé. L’audio-visuel suivra.

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

6 thoughts on “Support physique : fin annoncée?

  1. Un disque dur ou une barrette mémoire est aussi un support physique à l’information. Quand ils sont HS on ne regarde plus que le poids de cet objet devenu inutile.

    Au moins le papier d’un journal est facilement recyclable voir réutilisable à d’autres usages. Oui c’est vrai un disque dur HS peut toujours servir comme presse papier ou projectile.

    Le problème de l’informatique c’est que le système de fichiers change.
    http://www.commentcamarche.net/contents/repar/filesys.php3

    Qui nous assure que nous pourrons lire à l’avenir les anciens formats (FAT, FAT32, NTFS, HPFS, UFS, MFS …) ?

    Sans parler des formats physiques comme un Disque Compact, un DVD, une clé USB, une casette DAT numérique etc …

  2. Paul, tu apportes un bon point (en fait, deux: la perte de mémoire technologique et le support informatique).

    Depuis l’abandons de la pierre comme support à l’écriture, tous nos autres supports se sont révélés de plus en plus sujet à dégradation rapide. Quand on parle des « anciens formats » on parle ici plus de l’encodage que de support: et ça c’est l’amnénésie technologique qui nous guette comme tu le soulignes.

    Quant au support « barrette de mémoire » et autre disque, je me demande si c’est pertinent à un époque où le « cloud computing » pourrait devenir une réalité accessible à tous…

  3. Est que tu tiens la comptabilité de tous les points que j’ai gagné depuis que je participe à ZS ?
    😉

    J’ai parlé du support numérique (HD, CD, DVD) et de l’organisation de ses fichiers sur le support physique, un peu comme l’index et la table des matières dans une encyclopédie. il y a ensuite l’encodage ou le format logique interne d’un fichier .pdf ou d’un fichier word version 6 qui correspondrait en continuant mon analogie à la langue utilisée dans un livre.
    Tout change et vite.
    Je ne sais pas ce que ça donnera dans 1 siècle.
    On voit déjà le travail de conversion à faire pour conserver exploitable certaines « anciennes » archives numériques.

    Le « cloud computing » c’est une possibilité mais de toute façon il a besoin de HD et d’un réseau opérationnel. 😉

  4. La question ne se pose pas qu’en terme de support mais aussi et surtout je crois en terme de culture et de technologie. Le média traditionnel nourrit le consommateur d’information de haut en bas. Le message provient d’un groupe restreint et est orienté (teinté… Oserais-je même dire) selon des lignes éditoriales définies.

    Mais le monde est en train de changer. La technologie permet à n’importe qui de d’élaborer un message et de le lancer. Mieux il peut directement réagir et augmenter/transformer d’autres messages. La ligne entre diffuseur d’info et consommateur d’info est de plus en plus floue et franchement tout le monde en redemande.

    Ceci a deux effets reliés et immédiats:

    Premièrement les réseaux top/down traditionnels ne sont pas conçus à cet effet. Le concept même du broadcast est simplement l’inverse de la conversation. De plus le volume d’information (incluons ici la musique, les productions vidéos, d’animation etc) disponible est en telle croissance qu’il devient impossible à filtrer de façon traditionnelle via les chefs de pupitres, d’antennes ou des prospecteurs de maison de disque etc. Il faut maintenant déléguer la responsabilité de filtreur au consommateur lui-même. C’est à lui de choisir et de se faire sa propre idée.

    Il lui faut donc absoluement des outils… Des filtres qui lui permette lui-même de dénicher l’information qu’il recherche dans cette avalanche. Trouver l’aiguille dans la botte de foin.

    Nous sommes maintenant au delà des considérations de support. J’aime encore lire des articles choisis par mes journalistes préférés dans mes journaux préférés, bien calé dans un fauteuil… Mais je le fais plus par loisir et confort maintenant. Je préfère de loin être impliqué à l’information que je consomme; comme c’est le cas ici sur ces lignes.

    Désolé si j’ai été un peu long… Mais on aime ça !!

  5. Nicolas, j’aime bien cette notion d’interaction avec le lecteur, qui devient producteur de contenu en même temps.

    Il est clair que cette possibilité n’existe que pour le domaine du contenu numérique.

    Il existe plusieurs stratégies pour filtrer la surabondance d’information qui émergent.

    Je crois que la sérendipité (trouver au hasard) et les réseaux sociaux (on reçoit des infos filtrées par notre milieu) comme deux stratégies dominantes à court terme…

  6. On peut tout de même interroger la grande pérénité du support papier pour le livre. Du moins, plus grande que celle des enregistements musicaux ou vidéos.
    C’est un fait: l’industrie papier du livre n’est pas menacée dans les mêmes termes que l’industrie de l’enregistrement musical ou vidéo.
    Pourquoi ? me diront en choeur les tenants de l’amalgame rapide.
    Pour une raison toute simple:
    Il a toujours fallu un appareil pour « lire » (écouter, voir) le contenu des différents supports de musique ou de vidèos. Appareils qui, notamment, consomment de l’énergie pour fonctionner. D’où une certaine indifférence au support lui-même (que je mette un disque dans la platine ou que j’active mon MP3, peu me chaut: il me faut dans chaque cas l’appareil/logiciel qui convient à la « lecture »).
    Autrement dit, il y a cette nécessaire médiation technique (décodage) entre ma conscience et le segment esthétique encodé.
    Ce qui n’est pas le cas du livre papier: le livre, une fois acquis, n’a besoin d’aucun appareil pour être lu. D’aucune autre énergie que celle de ma conscience attentionnnée en interaction avec le texte.
    Je lis vraiment (parce que directement) ce qui est enregistré sur le support. Parce que l’écriture est déjà « encodage » de la pensée, auquel un nouvel encodage technique est superflu, redondant, inutile.
    Et je souhaite toujours pouvoir lire en toute indépendance, c’est-à-dire sans la médiation d’un appareil.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *