Les institutions d’acquisition et de partage du savoir s’apprêtent à connaître des changements radicaux, principalement en raison du développement rapide des TIC.
Les modèles d’acquisition du savoir, le rôle des enseignants et des formateurs, le cadre institutionnel et les méthodes d’évaluation seront radicalement modifiés.
L’acquisition des savoirs factuels perdra en importance avec l’accès universel à Internet.
Il est alors vital d’avoir la capacité d’apprendre, de savoir se repérer dans des systèmes complexes et de trouver des informations pertinentes, de les évaluer, de les organiser et de les utiliser en faisant preuve de créativité.
(source : Déclaration de l’UNESCO sur l’évolution de l’acquisition du savoir à Kronberg, Allemagne, en juin dernier)
Auto-engendrement d’un réseau d’apprenants
Ils joueront un plus grand rôle dans leur acquisition de connaissances et leur dissémination.
« Il se pourrait fort que le moyen le plus radical d’assurer un développement systématique de la formation tout au long de la vie réside dans la formule de la « déscolarisation », car celle-ci aurait pour effet de supprimer toute frontière bien définie entre la formation initiale et le large éventail des possibilités d’apprentissage qui peuvent s’offrir tout au long de l’existence. Beaucoup craignent que le défaut de gestion susceptible d’être engendré par l’existence de « réseaux d’apprenants » et l’absence d’équité qui pourrait résulter de « l’extension du modèle du marché », ne l’emportent sur les avantages éventuels. »
(source PDF: L’avenir de l’école et la formation tout au long de la vie (2003) page 9)
Autonomes de pensée
Mes questionnements sur le nouveau rapport à la connaissance ne sont pas nouveaux. L’hyperindividualisation construira des « self-made men » ou plutôt des « self-taught men », mais comment feront-ils pour discerner le faux du vrai, trier le grain de l’ivraie? Ces questions restent d’actualité:
* Quels sont les codes de reconnaissance sur lesquels un usager d’Internet se repose pour décréter une information pertinente?
* Comment utilise-t-on la communication en réseau comme nouvelle forme de persuasion de masse?
* À quoi ressemble la nouveau mécanique de légitimation de l’information?
Autonome de connaissances
Mais d’ici là rien n’arrêtera cette tangente. Il faut se préparer à voir émerger des jeunes qui voudront « apprendre par eux-mêmes « .
« Education (…) must begin with a psychological insight into the child’s capacities, interests, and habits. » (Deweyfrom ‘My Pedagogic Creed’, School Journal vol. 54, (Janvier 1897), pp. 77-80) Cité par The Future of Knowledge Acquisition and Sharing).
Ce tableau donnera à ceux qui enseignent à de futurs citoyens (ou à ceux qui cherchent à « s’auto-instruire ») un aperçu synthétique du point de vue de l’individu apprenant.
Cliquez pour agrandir
Source The Future of Knowledge Acquisition and Sharing.
—-
Mise à jour 28 août 2007 : lire aussi une courte mais pertinente analyse de Bertrand Duperrin de la déclaration de l’Unesco qu’il met en parallèle avec l’apprentissage en entreprise.
Bonjour,
The Future of Knowledge Acquisition and Sharing qui cite un texte vieux de 110 ans … un peu ironique, non ?
Ce futur ouvre des perspectives fantastiques. J’y vois une individualisation de la formation, correspondant aux nécessités et aux intérêts de chacun, tout au long de la vie. Un adulte apprenant est nécessairement moins obtus.
D’un point de vue plus sociétal, dans la mondialisation des marchés, cette façon de voir les choses pourrait faire émerger, enfin, une façon intelligente de reconnaître les formations de différents pays.
-Reconnaissance de diplômes
-« Vrai » baccalauréat international
-Possibilité de mise à niveau intelligente
Pourvu que ce ne soit pas que mon optimisme du lundi matin 🙂
La société de l’information est aussi la société où les connaissances explosent. Mais qu’en est-il des capacités d’apprentissage de l’être humain ? Apprenons-nous plus parce que nous pouvons accéder à plus de savoirs ? Pas sûre. Tout va vite. Parfois, et souvent, pour apprendre il faut prendre le temps de s’arrêter, d’étudier et d’observer. Nous avons tous nos modes d’apprentissage et la meilleure façon d’apprendre n’est pas toujours avec un clavier et un écran. Le formateur peut avoir de nouveaux outils à sa disposition mais s’il n’établit pas, d’une façon ou d’une autre, le contact avec son étudiant, s’il ne réussit pas à l’intéresser à son domaine d’étude ou à dénouer la compréhension d’un phénomène qui est ou qui semble complexe, alors je pense qu’aucune machine, aucun logiciel, ni aucun livre d’ailleurs, n’y parviendra.
Superbe trouvaille, Martin. Merci de partager.
Tes questions sont pertinentes, mais je ne crois pas que les anciens modèles d’organisation, dans lesquels on cherche à tout ordonner de façon compréhensible, s’appliquent à la Toile. La mouvance ne s’accommode pas très bien des standards et de l’ordre.
je rajouterai une 4eme question :
à qui se fier pour « croire » la véracité d’une information, « l’authenticité » d’un individu, voire son existence même ?
sachant que le « piratage » de personnalités n’en est qu’à ses débuts (avec le développement des moteurs tels facebook ou wink) et que les etats ou entreprises sacrifient toujours à leurs vieilles méthodes propagandistes, telles la pollution de wikipedia…
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-651865,36-944852@51-944875,0.html
« mais comment feront-ils pour discerner le faux du vrai, trier le grain de l’ivraie? »
Sur cette question, voir une interview de Pierre Lagrange qui liquide la question en montrant comment Internet contribue à une remise en cause généralisée du Grand Partage entre rationnel et irrationnel.
http://www.memoire-vive.org/archives/001196.php