René Barsalo, directeur, Stratégie et partenariats de la SAT, Société des Arts technologiques, est un vrai réacteur à fusion nucléaire : abaissez les barres d’uranium et la machine s’emballe. Les idées surchauffent et sortent de partout, impossible à réaliser même en 10 vies centenaires. Il doit alors les partager. Et heureux homme, la SAT est le territoire idéal, le carrefour des expérimentations qui me fait dire que le furtur est situé au 1195 boulevard Saint-Laurent à Montréal.
La vision de René, c’est que la société de demain est déjà là aujourd’hui. Les jeunes y ont déjà accès. Il faut reconnaître que l’évolution de la technologie et des médias depuis 100 ans n’a pas été sans conséquence. Contrairement à tout le reste de nos ancêtres, depuis 100 ans, chaque génération avait son nouveau média qui l’amenait plus loin (on pourrait ajouter « « to boldly go where no parent has gone before »»). Télégraphe, téléphone, radio, télé, transistor, ordinateur, Internet. Et à chaque fois, une incompréhension entre les générations.
Ce qu’il faut comprendre, précise René, c’est que de tout temps, les jeunes ont été les têtes chercheuses. Ils explorent de nouvelles avenues. Mais cela crée de l’inconfort : les plus vieux ont connu en leur jeunesse d’autres média par lesquels ils ont construit leur vision du monde. Je le vois bien, de mon côté, les agences de publicité et leurs clients ont été longtemps réticents à entrer sur le territoire d’Internet. Pourquoi? Parce que les décisions étaient prises par une génération qui n’utilisait pas Internet comme les jeunes l’utilisent. La télévision est leur monde. Était leur monde, car les jeunes vieillissent et prennent maintenant lentement leur place.
Ce qui est nouveau, précise René, c’est que la convergence tant recherché par les vieux de la télévision, les jeunes la font déjà. Il s’agit ici d’une différence d’attitude entre les générations. Le plus vieux, en particulier ceux qui ont été exposés à la technologie, aux ordinateurs ou qui sont experts dans les vieux médias, ont appris à être polyvalent et à tout faire, à tout savoir avant d’agir. Leur vieux réflexe, c’est de maîtriser le savoir avant d’agir. Les jeunes aujourd’hui agissebt en premier, quitte à demander de l’aide ensuite. Ils comptent sur leur entourage pour palier à leur méconnaissance : « quand je voudrais ouvrir mon serveur, je vais appeler untel ». Ça me rappelle un de mes billets sur sujet : Post before, process later.
René signale que McLuhan disait quelque part que dans un premier temps, l’Homme façonnait les nouveaux outils. Puis ensuite les nouveaux outils façonnaient l’Homme.
René veut démontrer comment comprendre cette génération émergente en comprenant comment les plus vieux agissent ou devrait agir. Il est clair que le rôle des vieux n’est pas de laisser leur place aux jeunes, mais plutôt de les accompagner dans cette démarche.
Les jeunes sont les « digital natives » de ce nouveau monde, les vieux sont des « immigrants numériques ». Leur connaissance du vieux monde est essentielle pour guider les jeunes et leur faire voir les beautés et les dangers de ce qui s’en vient. Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a pas de logiciel, d’API, de snippets, de code AJAX pour simuler l’expérience et le sage recul des vieux…
René Barsalo au WebCom-Montréal, 11 octobre 2006, 09h15 : Comment s’entendre et travailler avec l’autre génération qui émerge ?
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