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Consolidation dans le monde des médias sociaux

Naïvement, on peut penser que les médias sociaux, avec la montée de Twitter ou FourSquare, sont une nouveauté. Disons, à la place, que l’adoption «grand public» est une nouveauté. Nous venons plutôt de vivre une décennie de progression exponentielle des médias sociaux en ligne. N’espérez plus un sursaut similaire, nous commençons à entrer dans la consolidation.

Réseaux SociauxDe la même manière que dans la guerre des moteurs de recherche, on a atteint un premier palier où les géants tenteront de consolider leur position et d’éliminer les petits joueurs. Après le boom, l’accalmie. Et suite à ce calme, une remontée lente, mais solide de joueurs alternatifs.

Pour les moteurs de recherche, c’est Google qui avait gagné la guerre. Aujourd’hui, des joueurs alternatifs (WolframAlpha, Facebook, etc.) rognent les franges de l’empire et installent leur marche pour dominer chacun une niche que le maître central peine à satisfaire (le fameux «web profond»). Ensuite, d’autres géants se relèvent pour préparer un combat à venir (Bing de Microsoft et iAd d’Apple sur le mobile).

Pour la guerre des navigateurs, c’était le même scénario. Internet Exporer a raflé la cagnotte avant l’an 2000. Et après une décennie, des joueurs alternatifs reprennent maintenant l’initiative et étrangle lentement le joueur dominant. Firefox, Opera Unite, Flock. Et des géants fourbissent leurs armes pour un affrontement prochain (Chrome, Safari) sur des continents qui émergent (Téléphone intelligent).

Mais dans tous les cas, après l’explosion, c’est l’accalmie. Qu’un prochain conflit éclatera ne fait que confirmer la période de grâce qui s’est installée.

Pour les réseaux sociaux, nous en sommes là.

Avec l’annonce hier que Ning va fermer son service gratuit de communauté, c’est une nouvelle ère qui commence: la consolidation.

Ning payant

«We will phase out our free service. Existing free networks will have the opportunity to either convert to paying for premium services, or transition off of Ning.» a-t-on appris sur CNET. Le service gratuit sera graduellement abandonné et les comptes devront soit passé au payant soit quitter.

La communauté que l’on pouvait bâtir à moindre coût n’existera plus: le prix d’entrée éliminera les comptes qui ne sauront pas monétiser leur réseau.

Google dans les cordes

Google Buzz et Google Waves sont deux astéroïdes qui brillent dans le ciel, mais leur lueur s’estompe. Le géant Google n’a pas réussi à s’imposer avant que les grillent ne se referment. On peut par contre gager que ces deux services seront gardés au feu doux en attendant l’opportunité de reprendre du territoire…après la période d’accalmie

Facebook grand gagnant?

On pourrait le penser qu’il est le grand gagnant de la course au réseaux sociaux. Mais la bête coûte chère à nourrir et le modèle n’est pas tout à fait solide: par contre, sa position dominante lui laisse de l’espace pour trouver une solution.

Twitter le challenger?

Twitter a annoncé cette semaine son système de publicité par mot clef. Le modèle risque de marcher puisque, comme pour le AdWords de Google, l’usage du service et l’achat de mots-clés ne sont pas aussi incompatibles que pour Facebook (qui existe dans l’espace semi-public de la sphère privée de ses membres).

Twitter ne joue plus du tout dans les mêmes platebandes que Facebook. C’est plutôt Facebook qui va tenter de le déloger du territoire du «flux temps réel».

YouTube, champion poids lourd

Sans surprise, YouTube devient la référence du court clip vidéo. Google va même jusqu’à annoncer elle va fermer les uploads sur Google Video. DailyMotion tient le fort, mais pour combien de temps? La différenciation se fera par affinité esthétique: Vimeo et compagnie iront chercher des sous-groupes attachés à une certaine qualité (technique et contenu).

Mais la transformation de YouTube en télé sociale est inévitable et barre définitivement la route à tout prétendant. De retour dans 10 ans pour la suite.

Les spécialités poussent Google vers le «search tone»

Qui l’eut cru: d’abord la risée des réseaux sociaux, les plateformes de recherche par format consolident leur baronnie: SlideShare pour les PowerPoint, et Scribd pour les documents Word.

YouTube a ouvert la voie: on cherche par format de document, puis par contenu. Des niches, certes, mais très porteuses… Reléguant Google à un généraliste «search tone» (comme on dit dial tone en téléphonie, ce signal de base).

Les prochaines escarmouches

Surveiller du côté de FourSquare et compagnie: les applications hyperlocales des réseaux sociaux. Leur rachat éventuel montrera qui cherche à reprendre le dessus.

N’espérez pas les voir devenir le «prochain succès du net». Oui, ils le sauront… mais pour les investisseurs. Leur service doit et sera intégré à quelque chose de plus gros. Les liens de proximité sont plus que porteur, c’est la base de prochaine économie. Mais une simple App ne fait pas le poids et il doit être consolidé dans un ensemble plus grand.

Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

2 thoughts on “Consolidation dans le monde des médias sociaux

  1. D’après toi, est-ce qu’on risque de voir autre chose que la pub et l’abonnement mensuel (y compris en « freemium »), comme modèles d’affaire?

  2. Enkerli, dans le monde des startups web (ou des pure play) on dirait qu’il n’existe qu’un seul modèle de revenue dans la tête des investisseurs: la courbe de croissance des revenus en forme de bâton de Hockey.

    Tout autre modèle, comme une belle croissance ou des revenus sûr et fixes, est vu comme une flat-line, c’est à dire la mort.

    À mon avis, il y a de la place pour pour des niches, stables et fixes, mais c’est vrai que le web est un écosystème du «winners-takes-all»: Il ne peut y avoir de 2e place derrière Amazon (sauf à un niveau local ou niche). Résultat: une flat-line cache parfois une décroissance rapide. On le voit côté hébergement.

    Quant à ta question originale, je me demande ce que le web va inventer de plus qui n’existe pas déjà ailleurs: les média trad sont soit en mode pub ou en abo; Les objets, on les achète ou on les loue (comme les voitures).

    Le web n’inventera pas l’économie capitaliste: elle est un produit du capitalisme.

    Mais la tare originale du web est qu’il est basé en grande partie sur de l’information: et comme l’air (ou l’eau) on n’accepte que difficilement de la payer –même si dans les fait, c’est déjà commencé (avec les bouteilles d’eau — et bien tôt des masques sanitaires (une façon original de vendre de l’air plus propre). Et bientôt le iPad…

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